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Full text of "La boite à bibi; vaudeville en trois actes"

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Duni,  Alfred 

La  boite  à  bibi 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  witin  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.arcliive.org/details/laboitebibivauOOduru 


I 


LA  BOITE  A  BIBI 


jnprhneiic  du  Pi.issy  —  S.  Lejay  ol  Q*. 


LA 


BOITE  A  BIBI 


VAUDEVILLE   EN   TROIS   ACTES 


MM.  ALFRED  DURU  &  SAINT-AGNAN  CHOLER 


Représenté  pour  la  première  foi», 
à  Paris .  sur  le  théâtre  du  Palais-Royal  ,  le  28  mai  1877. 


NuUV1;LLE     EDITION 


PARIS 

É.    DENTU,   ÊDITP:UR 

LIBRAinE  DE     LA  SOCIÉTÉ  DES  AUTEDR3   ET  COMPOSITEURS    DRAUATni  !• 

ET    DE    LA     SOCIÉTÉ    DES    GENS    DK     LETTRES 

;rALAU-aOTAL,    15,    17    ET     19,     QALXHIB    D'OKLÉAI» 

18  8i 
Tou  droiti  rëMnét. 


pâ) 


PERSONNAGES 


AMABLE  GASSEGOUL,  senuiier. .  MM.    Brasseur. 

ROQUILLON Gil-Pkrez. 

LE  BARON  DE  GROSLAIT LiiEiunEiî. 

ARTHUR. Calvin. 

JOSEPH,  domestique  de  Térandali..  Bouhgeotïe. 

BAPTISTE,  domestique  d'Arthur...  Giu.y. 

HENRIETTE  DE  GROSLAIT M»»^   M.  MAONiiiR. 

VÉRANDAH,  chanteuse G.  Faivre. 

FLORINE Raymonde. 

TAMBOURINE M.  Leuovx. 

MADELEINE Dhkricourï. 

TALMOL'ZE Ghahvet. 

BAMBOULA E.  An^rk^c 

Une  Bonne  —  Invjtés  L'ES  ueux  si-.xes. 


A  Paris.  —  Le  1"  acte,  chez  Arthur;  le  2*  acte,  chez  le  Baron 
de  Groslait;  le  3»  acte,  chez  Vorundah. 


':1AR    i  iH/4 


LA  BOITE  A  BIBI 


ACTE    PREMIER 

CHEZ    ARTHUR 

Vb  salon  à  pans  coapés.  Ao  fond,  une  large  porte,  masquée  par  ud6 
portière.  Dans  le  pan  coupé  de  gauche,  la  porte  d'enlrée  ;  dans  le 
pan  coapé  de  droite,  nnc  anlie  porte.  An  |>ren<ier  plan,  une  porte  k 
droite  et  on  piano  à  gauche.   C.haiseg,  fauteuils,  un  petit  goéridon. 

SCÈNE  PREMIKRE 

JOSEPH,    BAPTISTE,   assis  lois  denx  dans  de*  fauteuils. 

JOSEPH, 
r.i,  maintenant  que  voilù  ma  commission  faite,  M.  Bap- 
tiste, il  ne  me  reste  plus  qu'à  vous  dire  adieu,  (ii  se  ii-re.) 
BAPTISTE,   ne  lerant. 
Déjà? 

JOSEPH. 

Kn  me  félicitant  de  la  circonstance,  qui  m'a  procuré 
l'honnour  de  faire  voire  connaissance. 

BAPTISTE. 

L'honneur  est  pour  moi...  Nous  nous  reverrons. 


D  LA  BOITE    A    BIBI 

JOSEPH. 
Je  l'espère  bien.,.  Quel  jour  rccevez-vousT 

BAPTISTE. 

Le  mercredi. 

JOSEPH. 

C'est  entendu...  Au  piaisir! 

BAPTISTE. 
Moi  de  même!  (Joseph  sort.) 

SCÈNE  II 
ARTHUR,   BAPTISTE. 

ARTHin,   entrant. 

Q;ii  e-t-ce  qui  s'en  va  là,  Bopliste? 

BAPTISTE. 

C'est  Joseph...  iedomîsliqiie  de  mademoiselle  Vérandah. 

A  11  T  n  U  R . 

J'espère  que  tu  ne  lui  as  pas  parlé  de  mon  mariage. 

BAPTISTE. 

Pas  de  danger...  Alor?,  c'est  décidé? 

AUTHUR. 

Oui;  je  signe  C3  sjir  mon  contra!,  chez  mon  beau-père, 
en  sortant  de  l'Opna.  J'annoi  c:rai  cela  moi-môme  à  ces 
dames  au  dessert...  en  b!oc. 

BAPTISTE. 

Ça  sera  dur... 

ARTIIUn. 

Bah!  Pour  celles  qui  sont  passées  au  grade  d'amies 
honoraires,  ce  sera  un  plaisir...  à  cause  de  celle  qui  est 
en  exercice. 

BAPTISTE. 

Oui,  mais...  celle-là? 


LÀ  BOITB  ▲   dTBI  T 

ARTHUR. 

Vérandah?..*.  Devant  les  petites  camarades,  elle  ne  vou- 
dra pas  avoir  l'air...  Je  la  connais,  et  je  compte  là-dessus, 

BAPTISTE. 

C'est  égal,  monsieur,  les  femmes  mariées  c'est  bien  plus 
commode...  On  envoie  un  billet  de  faire  part,  et  tout  est 
dit. 

ARTHUR. 

C'est  vrai...  (a  part.)  Pauvre  Henriette! 

voix  DE   GROSLAIT,  iin  dehora. 
il  fst  là...  parfait! 

BAPTISTE,  riant. 

Oh!  le  mari!... 

ARTHUR,  TWement. 
Le  mari!...  Qu'entendez-vous  par  là,  monsieur  Baptiste? 

BAPTISTE,  riant. 
Rien,  monsieur...  hi!  hi'  hi! 

ARTHUR. 

Sortez!   (Baptisl*  disparaît.) 

SCÈNE  III 

ARTHUR,  GROSLAIT. 

GROSLAIT,  entrant* 
Bonjour,  cher  ami. 

ARTHUR. 

Bonjour,  Baron.  Je  pensais  à  vous. Comment  va  madame? 

GROSLAIT. 

Très-bien.  .  Vous  la  verrez  à  l'Opéra;  car  ça  tient  tou- 
jours? nous  y  allons  ensemble? 

ARTHUR. 

Sans  doute  ;  il  faut  bien  que  vous  fassiez  connaissance 
avec  ma  nouvelle  famille. 


8  LA   BOITE   A   BIBI 

GROSLAIT,   un   peu  piqaë. 

Il  est  temp?,..  le  jour  du  contratl...  On  dirait  que  vous 
vous  êtes  caché  de  nous... 

ARTHUR. 

Quelle  idéel...  C'est  mon  notaire  qui  a  traité  cette  af- 
faire... je  ne  m'en  suis  pas  du  tout  occupé. 

GROSLAIT. 

Je  ne  vous  en  veux  pas...  et  la  preuve,  c'est  que  j'ai 
été  louer  la  loge...  que  je  mets  aux  pieds  de  la  future... 

ARTHUR. 

C'est  d'une  galanterie... 

GROSLAIT. 

Voilà  comme  je  me  venge...  C'est  Henriette  qui  vous 
l'enverra. 

ARTHUR. 

Madame...  Pourquoi? 

GROSLAIT. 

Voilà...  Ce  matin  elle  ne  se  doutait  de  rien...  alors  je 
lui  ai  montré  votre  biliet  de  faire  part,  en  lui  disant  :  De- 
vine un  peu  qui  est-ce  qui  se  marie...  je  parie  dix  louis 
que  tu  ne  devines  pas...  Elle  m'a  nommé  un  tas  de  noms, 
et  celui-ci,  et  celui-là,  tout  Paris,  jamais  vous...  Ça  m'a 
bien  amusé. 

ARTHUR,   inquiet. 
Enfin?... 

GROSLAIT. 

il  a  fallu  lui  dire. 

ARTHUR. 

Ah!  alors?... 

GROSLAIT. 

Ah!  dame  I  alors,  elle  a  été  furieuse. 

ARTHUR,   vivement. 
A  cause  des  dix  louis... 


ARTHUR. 


LA    BOITE    A   BIBI  if 

GKOSLAIT. 

Oui...  Et  puis  elle  a  trouvé  comme  moi  que  vous  auriez 
pu  nous  consulter  Que  diable!  entre  amis...  Au.-si,  quand 
je  lui  ai  p;itié  de  venir  ce  soir  à  l'Opéra  po  ir  faire  con- 
naissance avec  volrn  future,  si  vous  l'aviez  entendue... 
i<  Jamais  de  la  viel  11  ne  manquerait  plus  que  ça!  »  Je  ne 
l'avaij  jamais  vue  si  exaltée...  positivement,  ça  lui  a  fait 
quelque  chose. 

ARTHUR. 

Je  suis  désolé...  je  vous  assure. 

GROSLAIT. 

Ça  ne  sera  rien...  Je  l'ai  raisonnée...  Elle  a  fini  par 
comprendre. 

Vous  êtes  sûr? 

GROSLAIT. 

Sans  doute!...  11  est  même  convenu  que  c'est  elle  qui 
vous  enverra  le  coupon...  avec  un  petit  moi  de  félici- 
taiion. 

ARTHUR. 

Ah  !  c'est  trop  !... 

GROSLAIT. 

Mais  non...  dans  le  fond,  elle  vous  aime  bien.  Ah  !  ça, 
maintenant,  convenons...  à  quelle  heure  viondrez-vous  à 
l'Opéra  ? 

ARTHUR. 

Le  plus  tôt  possible...  J'ai  du  monde  à  dinar. 

GROSLAIT. 

Votre  nouvelle  famille. 

ARTHUR,  riaol. 


GROSLAIT. 


Au  contraire. 
Comment  ? 

ARTHUR. 

Mes  anciennes  amies.  ,  mes  petits  remords. 


10  'A    BOITE    A   BTBI 

GROSLAIT. 

Ah  !  ah  I  l'enterrement  de  rigueur. 

ARTIIUn. 

Oui...  Et  vous  êtes  prié  d'y  assister.  Où  dînez- vous  ? 

GUOSLAIT. 

Au  cercle... 

ARTHUR. 

Dînez  ici... 

GROSLAIT. 

Avec  des  impures...  jamais! 

ARTHUR. 

Ne  dites  donc  pas  ça...  on  vous  connaît;  vous  faites  vo^ 
coups  en  dessous,  en  sondeur. 

GROSLAIT. 

C'est  une  calomnie!  (ChangeaDt  de  ton.)  Est-ce  qu'ils  sont 
gentils,  vos  remords  ?... 

ARTHUR. 

Restez  ;  vous  le  verrez.  Il  y  en  a  au  moins  un  que  vous 
devez  connaître...  Vérandali  ! 

GROSLAIT. 

La  chanteuse. . .  Du  tout. 

ARTHUR. 

Allons  donc!  elle  vient  d'eniinénager  dans  votre  mai- 
son. 

GROSLAIT,  vivement. 
Pas  dans  le  même  escalier. 

ARTîIUR. 

Vous  voyez  bien  que  vous  la  connaissez  ! 

GROSLAIT. 

Oii  f  je  l'ai  aperçue  de  loin....    sur   son  balcon,    qui 
fait  suite  au  mien...  une  fois  à  peine...  El  elle  va  venir? 

ARTHUR. 

Je  l'attends. 

GROSLAIT. 

Elle  est  de  r(MU"r:  rnir;.r' 


LA    LOITE   A    filBI  H 

ARTHUR. 

Bien  entendu... 

GROSLAITj  se  décidant. 

Vous  avez  besoin  de  quelqu'un  pour  conduire  le  deuil. 
Je  reste  ! 

ARTHUR. 

A  la  bonne  heure  ! 

GHOSLAIT. 

Seulement  vous  n'en  direz  rien  à  ma  femme. 

ARTHUR. 

Soyez    donc  tranquille...  (Bruit  au  dehors.)  Ah  !    voici 
déjà  des  invitées.  Allons  baron,  saluons  leur  entrée. 

SCÈNE  IV 

Les  Mêmes,  MADELEINE,  TALMOUZE,  TAMBOURINE, 
BAMBOULA. 

CHOEUR. 

Ain  ;  Voyez  ceci,  voyez  cela,  —  Les  clocha  de  Comeville. 

LES   FEMMES. 

Noos  accourons  et  nous  voilai 
Quand  on  dit  :   le  plaisir  est  là. 
Vile,  en  toilette  de  gala, 
Nous  accourons,  nous  voili. 

REPRISE 

TOUS. 

Nous  accourons  et  nous  voilà,  etc. 
Elles  accourent,  les  voilà,  etc. 

TAMBOliRINR. 

Bonjour,  Arthur  t 


Ï3  LA    BOITE   A    BIBl 

MADELEINE. 

Nous  arrivons  les  premières?  tant  mieux. 

TALMOUZE. 

Au  moins  on  peut  dire  du  mal  des  absents. 

BAMBOULA. 

Plaisir  innocent  ! 

GBOSLAIT. 

Ht  doux!  on  ne  s'en  lasse  jamais. 

MADIi:LEINE. 

Qu'esl-ce  qui  parle  de  s'enlacer? 

TAMBOURINE. 

C'est  monsieur  '  (a  Grosiait.)  Vous  allez  bien  ! 

GROSLAIT. 

Comme  vous  voyez...  (Sainait  )  31esdames! 

ABTH  JR,  l's  prosenlant. 

Mademoiselle  Madeleine  de  Coramercy....  mademoiselle 
Talmouze.... 

GROSLAIT. 

De  Saint-Denis...  on  en  mangerait. 

ARTHUR,  contiDuant  la  présentation. 

Mademoiselle  Bamboula...  mademoiselle  Tambourine. 

GROSLAIT. 

Ces  dames  sont  artistes  ? 

MADELEINE,  modËstemeaU 
Professeur  de  piano. 

GROSLAIT. 

Ah  !  madame  joue  dans  les  concerts... 

MADELEINE, 

Non,  monsieur,  je  n'ose  pas. 

TAMBOURINE. 

Elle  ne  fait  que  de  la  musique  de  chambre. 

GROSLAIT,  désignant  Tambourine. 

Et  madame...  qu'est  ce  qu'elle  fait? 


LA    BOITE    A    m  il  i3 

TALMOCZB. 

Des  cancans... 

TAMBOURINE. 

A  votre  service... 

GROSLAIT. 

Elles  sont  charmantes! 

BAMBOULA. 

Est-ce  qu'il  manque  encore  quelqu'un  ? 

ARTHUR. 

•Oui...  Yérandah. 

MADELEINE. 

Il  faut  toujours  qu'elle  se  fasse  attendre.    C'est    un 
genre. 

TALMOOZE. 

Elle  est  si  poseuse  depuis  qu'elle  a  voiture. 

TAMBOURINE. 

Il  n'y  a  pourtant  pas  dequoi  être  si  6ère.  Sa  mère  aussi 
roulait  voilure... 

GROSLAIT. 

Bah  !.... 

TAMIt<^URINR. 

Oui...  elle  était  marchande  de  quatre  saisons! 

TOUS,  liaol. 

Ahl  ah  !  ah  ! 

ARTHUR. 

Cbul!  mesdames...  la  voici. 

SCÈNE  V 
Lbs MÊMES,  VFRANDAU. 

VÉIIANDAH. 

Bonjour,  Arthur...  Bonjour  tout  le  monde. 

TALUOUZE. 

Celte  clii'rt*  Vérandah  ! 


14  LA   BOITE   A   6IBI 

VÉRANDAH. 

Bonjour,  ma  biche, 

TAMBOURINE. 

Est-elle  gentille! 

BAMBOULA. 

Si  simple  ! 

TALMOUZE. 

Et  du  talent...  jusqu'au  bout  des  ongles. 

TAMBOURINE. 

Et  ils  sont  longs. 

VÉRANDAH. 

Ah!  mesdames,  vous  disiez  donc  bien  du  mal  de  moi? 

TOUI ES. 

Ah  !  par  exemple  1 

GROSLAIT,  saluant  Vérandah. 

Belle  dame!... 

VÉRANDAH,   apercevant  Groslait, 
Tiens,  Baron  !  vous  êtes  là...  par  quel  hasard  ? 

GROSLAITj  bas. 

Pour  vous  voir. 

ARTHUR,  bas. 

Ah  !  cachotier  ! 

GROSLAIT. 

Une  fois...  de  loin...  sur  son  balcon... 

TALMOUZE,  à  Arthur. 

C'est  un  baron,  ça  ? 

TOUTES    LES    FEMMES. 

Et  vous  ne  nous  le  dites  pas. 

ARTHUR. 

Je  vais  vous  le  dire.  (Présentant  Groslait.) Mesdames,  le  va- 
ron  de  Groslait. 

TAMBOURINE. 
Joli  nom...  (a  Groslait.)  11  VOUS  va    bien.  ..  (Tout  lo  monde 
rit.) 


LA    BOITE   A   BIU  ^^ 

6B0SLAIT. 

Vous  savez...  on  me  l'a  déjà  faite. 

MADELEINE. 

CVsl  indiqué. 

VÉRANDAH. 

\\\  ça  !  est-ce  qu'on  nous  a  convoquées  pour  dire   des 
:■■  niil!e?ses  an  baron  ? 

ARTHUR. 

Non,  il  y  a  autre  chose... 

GROSLAIT. 

C'est  une  ourprise. 

ARTHUR. 

On  vous  racontera  ça  avant  dîner,  pendant   la  «challe. 

TOUTES. 

La  scballe  !... 

VÉRA-NDAH. 

Oh  !  oh  !  Vous  nous  traitez  à  la  russe,  alors.  (Baptiste  et 
ine  bonne  apportent  aoe  tibld  tonte  servie.) 
ARTHUR. 

Mesdames...  servez-vous. 

SCÈNE  VI 

GROSLAIT,    ARTHUR,     VÉRANDAH,     TAMBOURINE, 
MADhLEINE,    BAMBOULA,    TALMOUZli,  BAPTISTE, 

U.NE    BONNE. 

CHOEUR 

Air  :  Àh\  quel  eoquin\  —  Foire  Saint-Laurent,  i'  acia. 

Vite  au  repas  ! 
Pendant  qu'on  mange,  on  ne  peut  pas. 

Dire  tout  bas 
Du  mal  de  ceux  qui  n'y  sont  pas. 

A\,  !  ah  1  ah  t 

Au  repas  t 
Qaand  on  boit,  on  ne  s'ennuie  pas. 

(Pi-O'Iani  le  cliœur,  tout  !•  moade  t'ed   placé;  momdot  de  liienceV 


J6  LA    BOITE    A   filBI 

GROSLAIT,   parlé. 

Encore  un  verre  de  Kummel. 

TAMBOURINE. 

Il  boit  bien,  le  baron. 

GROSLAIT. 

C'est  pour  m'étourdir  ;  j'ai  des  peines  de  cœur. 

MADELEINE. 

Ta  parole  ? 

GROSLAIT. 

Je  demande  à  les  déposer  dans  le  sein  d'une  amie,  (ii  veui 

l'embrasser.) 

TOUTES. 

  la  porte  le  baron  I 

VÉRANDAH. 

Mesdames,  vous  n'oubliez  pas  que  je  pends  ce  soir  ma 
crémaillère?  11  y  aura  bal  et  souper.  Je  compte  sur  vous... 
A  onze  heures  pour  le  quart. 

TOUTES. 

On  y  sera. 

VÉRANDAH. 

Arthur,  vous  viendrez  de  bonne  heure. 

TAMBOURINE,  mettaDt  la  maia  sar  son  cœar. 
Ça  tient  donc  toujours?... 

VÉRANDAH. 

Toujours  ! 

TALHOUZE. 

Jusqu'à  ce  que  ça  casse. 

VÉRANDAH. 

Tiens!  jusqu'àceque  ça  casse...  c'est  justement  la  chan- 
son que  je  dois  chanter  ce  soir  pour  la  première  fois. 

TOUS. 

La  chanson  !  la  chanson  ! 

VÉRANDAH. 

Ah  I  vous  savez...  je  ne  me  fais  jamais  prier,  moi. 


lA   DOiTE  A    BIDI  n 

CHANSON 
Ain  nouveau  de  M.  Mare-Chautagne 

1 

S'snià  hasardeuse  et  j'm'en  fais  gloire. 
Dans  toul's  les  ièles  où  je  vais, 
J'aime  à  risquer  en  balançoire 
Mon  cou,  ma  (éle...  et  mes  mollets. 
La  pudeur,  c'est  ça  qui  m'occupe! 
Aussi  maman,  qui  n'badin'  pas, 
A  soin  de  m'attacher  ma  jupe 
ATec  an  cordon,  par  en  bas, 

TOUS,  parla. 
Et  si  ça  casse  ? 

VÉRANDAH,  reprenanl . 
Et  si  ça  casse,  casse,  casse  I 
Ma  foi  que  voulez-vous  que  j'y  fasse? 
Et  si  ça  casse,  casse,  casse. 
Eh  ben  d:im  t...  voilai  ça  çass'ra  I 

Viilàl 

>  uilà  t 

RNSEMBLB. 

Et  si  ça  casse,  otsse,  casse,  etc. 

VÉRANDAH,  5e  Itrant. 

H 

P'iit  à  p'tit  devenant  grand'Ietie, 
Par  dessus  l'grand  mur  de  chez  nous, 
Au  voisin,  un  garçon  pas  hùte. 
Je  m'vois  donnant  des  rendez-vous, 


48  LA   BOITE  A   BIBI 

Perché  chacun  sur  une  échelle. 
Gentiment  tous  deux  nous  jasons. 
C'n'est  guèr'  solide  et  ça  chancelle... 
Mais  c'est  bien  à  ça  qu'nous  pensons  I 

TOUS,  parlé. 

El  si  ça  casse? 

VÉRANDAH,  reprenant. 
Et  si  ça  casse,  etc. 

ENSEMBLE. 

Et  si  ça  casse,  etc 

VÉRANDAH 

III 

A  présent  j'suis  épouse  et  mère  ; 
J'connais  mon  d'voir,  j'aim'  mon  man, 
Je  fais  tout  c'qrf il  faut  pour  lui  plaire. 
Par  malheur,  il  y  a  son  ami. 
L'intrigant  me  conte  fleurette; 
Ça  m'amuse,  à  caus'  du  péril. 
Mais  j'sen?,  tant  j'ai  fait  la  coquelti. 
Que  ça  n'tient  plus  que  par  un  fil. 

TOL'S,  par'.ô. 

Et  si  ça  casse  ? 

VÉRANDAH,  reprenant. 
Et  si  ça  casse,  etc. 

ENSEMBLE. 

Et  si  ça  casse,  etc. 

TOUS,  après  la  chanson. 
Bravo  !  bravo  ! 


LA    BOITE   A    BIBI  19 

TAMBOURINE. 

Maintenant,  nous  demandons  la  surprise. 

TOUTES. 

Oui,  la  surprise  ! 

GROSLAIT,  bai  à  Artbnr. 
Voilà  le  moment. 

ARTHUR^   bM. 

C'est  béte  ;  je  n'ose  pas  ! 

GROSLAIT. 

Attendez...  avec  quelques  précautions  oratoires...  lais- 
>  /.  moi  faire. 

TOUTBS. 

Lli  bien  I  voyons  ! 

GR09LAIT. 

Mesdames!  noire  ami  Arthur,  brisé  par  l'émotion,  me 
(Iiargede  parler  à  sa  place. 

TOUTES. 

Parlez  !  parlez  ! 

GROSLAIT,  d'one  voix  ëmae.. 

J'irai  droit  au  fait.  Je  ne  vous  dirai  pas  qu'Arthur... 

TOUTES. 

Vous  allez  le  dire... 

GROSLAIT. 

Moi  !...  Oui,  au  fait...  quand  on  dit  qu'on  ne  dira  pas, 
c'est  qu'on  va  dire  !...  Je  vo  is  «lirai  donc  que  notre  ami 
,\rihur  n'a  jamais  rien  fait  ni  pour  son  pays,  ni  pour  soi, 
ni  {lour  personne. 

TAMBOURINE. 

Al(  fi,  il  n'a  rien  fait  du  tout. 

GROSLAIT. 

Mais  ça  va  changer. 

TOUTES. 

Aht 


20  LA    BOITE   A    BIBI 

GROS  LAIT. 

Oo  lui  offre  une  position  dans  la  diplomatie  ;n  l'accepte, 
et  ce  soir,  à  minuit  et  quelque  chose,  il  prend  la  mer  pour 
?e  rendre  à  destination. 

TOUTES,   à   Arthur. 


Tu  pars  ? 
C'est  vrai,  dis? 
Oui  ! 
Hi  !  hi  !  hi  ! 


VERANDAH. 


ABTHBR, 


TOUTES,  plflurant 


GROSLAIT. 

Enfants,  séchez  vos  larmes...  j'espère  qu'il  vous  revien- 
dra bientôt...  Moi  qui  vous  parle,  j'ai  fait  le  même  voyage, 
el  j'en  suis  bian  revenu. 

TOUTES. 

A  la  bonne  heure! 

ARTHUR. 

Mais  avant  de  vous  quitter,  je  tiens  à  vous  restituer  les 
lettres  charmantes  que  vous  m'avez  écrites. 

TOUTES. 

Nos  lettres  ! 

ARTHUR. 

Oui,  je  craindrais  de  les  égarer  en  route...  Je  me  per- 
mettrai d'y  joindre,  pour  chacune  de  vous,  un  petit  ca- 
deau... un  léger  souvenir. 

TOUTES. 

Ah  !  c'est  gentil...  c'est  gentil  ! 

ARTHUR.    * 

Baptiste  !  la  liste  et  la  corbeille.  (Baptiste  lai  apporte  aoe 
corbeille  et  nn  papier  roulé  ) 

GROSIAIT. 

Alors  c'est  une  distribution  de  prix...  Je  vais  présider!... 


LA    BOITt:   A    BIBI  21 

(Prenant  u  liita-)  Je  vaisDomruer  les  lauréates,  et  on  m'em- 
brassera. 

ARTHUR. 

Et  moi? 

GROSLAIT. 
Vous,  au  piano...   pour  la  fanfare.   (Arthur   ra  s'as<eoir  aa 
piano.  Baptiste  avaace  on  fauleuil  dao3  loqael   s  a  sitJ    Grot'ait,    H 
M  tieiit  derrière   lai  poar   lai  passer  les  objets   k  mesure.  Les  femmes 
•ont   rangées  en  ligne.) 

GROSLAIT,  se  lerant. 

Jeunes  élèves  !... 

TOUTES. 

Pas  de  discours...  à  bas  l'orateur  t 

GROSLAIT. 

Je  supprime  ce  morceau  d'éloquence,  et  je  commence. 
Attention  !  (r.isam.)  Prix  d'assiduité  :  mademoiselle  Tam- 
bourine... Onze  lettres...  Un  bracelet  en  feuilles  de  lierre... 
avec  celle  inscription  :  "  Je  me  cramponne.  »  Approchez, 
mon  enfant,  et  persévérez  toujours  dans  celle  voie,  où  vous 
trouverez  la  fëlécité  pour  vous.  .  et  pour  les  aulre>...  Allez, 
la  musique.  (Artbar  joue  ano  marcbe  brayanle.  Tambouria»  rient 
embrasser  Groslait,  qui  lai  remet  les  objets  annoncés;  on  applau- 
dit.) 

TAMBOURINE. 

Merci,  papa  !  Vive  la  noce  !  (Ella  retoarne  à  u  place.) 
GROSLAIT,  coaiianaot. 

Prix  de  ndélilé...  (Tootei  s'avancent  TiTsment.)  Attendez.. 
on  ne  sait  pas  laquelle...  Mademoi^elh'  Madeleine...  Trois 
lettres...  une  par  jour...  Un  médaillon  roprésentanl  un  ca- 
niche. (Même  jea  que  pias  haut.)  Pri\  de  Style  épistohiire, 
mademoiselle  Talmouze...  qualre-vingl-onze  lettres...  Ma- 
dame de  Sévigné  montée  en  épingle...  le  buste  seulement. 
(Méae  jeu.)  Prix  d'innocence  :  mademoiselle  Bamboula... 
pai  de  lettres. 


22  LA    BOITE   A    UIBI 

vÉnANDAii,  à  part. 
Pardi!  elle  ne  siil  pas  écrire. 

CiROSLilT,  roclinuaDt. 
Une  paire  de  pendants  d'oreilles  repré-enlani  un.;  c;!,(\ 
avec   un  serin...  (a  Bamboula,   qui  s'est  approché»)  en  pleiu.n   ] 
Vous  pleurez,  mon  enfant  ? 

BAMBOULA. 

Ça  me  rappelle  le  jour  où  j'ai  éié  couronnée  rosiùie. 

Gucsr.Ai  r. 
Éloignez  ce  souvenir  pénible;  ça  n'a  aucun  rupporl.. 
(Reprenant  sa  liste.)  Je  crois  que  c'est  lOUt. 
VÉRANDAH,  virement. 
Hien  pour  moi  ? 

ARTHUR. 

Mais  si;  il  y  a  quelque  chose. 

GROSLAIT. 

Ah!  pardon...  oui,  il  y  a  quelque  chose.  Prix  d'excel- 
lence, gymnastique  transcendanio  j  madenioistlle  Vo- 
randah!  (a  Vérandah.)  Voilà  votre  paquet  !  Dans  mes  bra-, 
chère  enfant  1 

VÉriANDAH,  lui  échappant  et  allant  embrasser  Arthur. 
Merci,  Arthur  !    (Eile  po  o  l'éciin  sur  la   piano.  Baptiste  soa.) 
GIVOSLAIT,   à  Arthur. 

Et  maintenant,  mon  bon,  vous  pouvez  aller  vous  ma- 
rier. 

TOUTES. 

Se  marier  ? 

TAMBOURINE. 

Vous  nous  avez  dil  qu'il  allait  prendre  la  mer  ce  soir. 

GfiOSLMT. 

Ai-je  dit  la  mer  ?  Eh  bien,  oui,  la  mère  de  ses  futurs 
enfants. 

VJÎRVNDAII,  à  Arthur. 

lEt  tu  crois  que  nous  permettrons  ça...  jamais!  en- 


LA    BOITE    A    LIDI  23 

lends-tu  !...  Ah!  les  nerfs  !...  aii  !  ah!    (Elle  tombe  Jans  dd 
(aaleoil) 

GROSLAIT. 

Allons,  bon  I  une  attaque  de  nerfs. 

ARTHUR. 

Un  médecin...  vite  ! 

GROSLAIT. 

J'y  cours  !  Tapez-lui  dans  les  mains.  (i\  sort  TiTement.) 

SCÈNE  VII 

Les  Mêmes,  moioi  GROSLAIT. 

ARTHOR. 

Voilà  ce  que  je  craignais...  Cette  pauvre  Vérandah! 

MADELEINE. 

Il  faut  toujours  qu'elle  en  fasse  plus  que  les  autres. 

TAMBOURINE 

Pardinel  ça  nous  fait  autant  qu'à  elle. 

TALMOUZE. 

Certainement,  et  si  nous  voulions...    Ahl  ab  !  je  sens 
que  je  m'en  vais. 

TOUTES    LES   AUTRES    FEMMES. 
Moi  aussi...  Ah  !  ah  !  ah!  (Elle*  tombent  tuntai  tardes  liégee 
el  ic  mettenl  à  gL-ottcr.) 

ARTHUR,  ahari,  conrart  Je  1  ooe  à  1  autre. 

Voyons,  pas  do  bôlises  .'...  Madeleine!...  Tambourine l 
Vérandah  ! 

BAPTISTE,  aDDOoçaal  aa  fond. 
Monsieur  Roquillon. 

ARTHUR,   ï  part. 

Mon  beaj-perc!...  il  arrive  bien... 


24  LA    BOICE    A    filBI 

SCÈNE  VIII 
Ies  Mèmrs,  ROQUILLON. 

nOQUILI.ON,  entrant  gaiement. 
Je  ne  vous  dérange  pas  ? 

ARTHUR,  lapant  dans  les  mains  de  Véraodah. 
Au  contraire.,,  au  contraire  .. 

ROQUiLLOX. 

Tiens!  Vous  avez  du  monde...  Quelles  sont  ces  dames? 

AHTHUll,  mèmeji'U. 
Des  parentes  de  province. 

ROQUIi.LON,  tapant  dans  les  mains  de  Tambcnrine. 
Qu'est-co  qu'elles  ont  ? 

ARTHUR,  même  jju. 
Ne  faites  pas  attention...  ça  va  S3  passer. 

ROQUlLt-ON,  même  j'U. 

Je  venais  vous  demander  à  quelle  heure  vous  viendriez 
nous  prendre  pour  aller  à  l'Opéra. 

ARTHUR. 

Sur  les  huit  heures. 

OQUILLON. 
Bon!  (Regardant les  f-mmes,  qui gigottent toujours.)  Dites donc... 
est-ce  que  vous  êtes  tous  sujets  à  ça  dans  la  famille  , 
mon  gendre? 

TOUTES    LES  FEMMES,  se  levant,  exa'plo  VéranJah. 
Tiens!  c'est  le  beau-pèro! 

ARTHUR,  à  Roqaillon. 

Vous  voyez,  c'est  fini  ! 

TOUTES,  enlonraDt  Roquillon. 
Bonjour,  beau -père. 

ROQUILLON,  «aluaot. 

Mesdames!... 


LA    LOITK    A    BIBI  25 

TALUOUZi:. 

Madame  votre  épouse  va  bien? 

ROQUILLON. 

Vous  ctrs  bien  bonne. 

TAJfBOURINE. 

Kt  voire  demoiselie  ? 

ROQUILLON. 

Ma  fille  aussi...  elle  csl  à  la  maison  avec  ma  femme  et 
le  cousin  Hector...  oui,  mes  cousines...  (Elles  remontent.) 

VERANDAH,   s  avançant  ver>  Roqii'bn. 

Monsieur,  avez-vous  pris  des  renseignements  sur  votre 
pendre  ? 

ROQUILLON. 

Beaucoup  !  ils  sont  exécrables...  On  «n'a  d'il  qu'il  avait 
fait  la  noce;  avec  un  las  de  femmes...  ça  me  fait  plaisir... 
mieux  vaut  s'amuser  avant  qu'après. 
VEl'.ANOAH,  vexée. 

Vraiment  1 

ROQUILLON. 

Ainsi,  moi,  je  n'ai  jamais  eu  de  maîtresses...  j*atlend> 
que  ma  fille  soit  mariée,  et  en  attendant,  je  travailiu 
comme  un  nèizro...  J'amasse  pour  quand  je  serai  jeune... 
Ohé  I  ohé!  iesflambards! 

TALWOl'ZE. 

Tiens!  mais  il  a  du  bon,  ce  vieux- là. 
BAPTISTE,   eafant  an  fonl.  La   poriière    ouferte    laisse  Toir  nns 
table  servie. 

Ces  viames  sont  servies! 

AIlTflUR. 

Beau-père,  vous  restez  avec  nous  ? 

TOUTES. 

Oui...  oui...  enlevons  le  beau-père.  Vive  Roquiilon! 

ROQUILLON,    k  Arllmr. 

Quelle  charmante  famille  vous  avez  là  I 

f 


26  LA    BOITE    A    iilBl 

REPRISK  DU  CHŒUR 

Vile  au  repas! 
Pendant  qu'on  mange  on  ne  peut  pas 

Dire  tout  bas 
Ou  mal  de  ceux  qui  n'y  sont  pas. 

Ah  I  ah  !  ah  I 

Au  repas  ! 
Qaand  on  boit,  on  ne  s'ennuie  pas! 

(Pendant  le  chœar,  Arthur,  donnant  le  bras  àTalmouze  et  à  Bambonla; 
Roquillon,  donnant  le  bras  h  Madeleine  et  à  Tambourine,  exécutent 
un  vis-à-vjs,  tandis  que  Vérandah  fait  tace  au  public.  Tous  sortent 
au  fond.  —  La  portière  se  referme.) 

SCÈNE  IX 

CÀSSEGOUL,  seul,  arrivant  par  le  fond,  à  droite  ;  il  est  en  cos- 
tume de  serrurier  et  porte  son  sac  d'outils  sur  l'épaule.  Il  entre  ti- 
midement en  regardant  au'.our  de  lui. 

Monsieur  Arthur  Fringard?  C'est- il  pas  ici  qu'il  de- 
meure? Personne!...  Je  vas  attendre,  (il  pose  son  sac  d'ouiiis 
derrière  le  canapé.)  Fichue  commission  !...  Voilà  ce  que  c'est 
que  d'avoir  des  faiblesses  pour  les  femmes.  Tout  à  l'heure 
mamzelle  Florine...  c'est  une  bonne  amie  que  j'ai,  une 
femme  de  chambre...  une  inférieure...  Aussi  je  la  tiens  à 
distance,  je  ne  vas  jamais  chez  elle,,,  c'est  vrai  qu'elle  n'a 
jamais  voulu  me  dire  où  elle  demeure.  Tout  à  l'heure,  v'ià 
qu'elle  passe  devant  ma  boutique...  parce  que  moi  je  suis 
serrurier  de  mon  état  Vous  n'entrez  pas?que  jedis. — Non; 
je  ne  peux  pas...  qu'elle  répond;  j'ai  une  lettre  pressée  à 
perler  pour  madame,  même  que  ça  m'ennuie  rudement, 
parce  qu'il  brouillasse  et  que  j'ai  des  bas  blancs,..  Ça, 
c'est  vrai  qu'elle  en  a-.,  elle  est  rudement  chic  tout  de 
môme.  Je  ne  sais  pas  si  vous  êtes  comme  moi  ;  j'ai  lou- 


LA    BOITE    A    BIBI  27 

jours  aimé  les  bas  blanrs...  ça  m'inspire...  J'ai  connu  une 
femme  qui  avait  des  ba^  noir*.  Eh  bien  !  elle  m'aurait  of- 
fert un  trône...  c'est  plus  fort  que  moi...  Pour  en  revenir 
à  Florine...  Je  la  porterai  votre  lettre,  .|ue  je  lui  dis; 
ousque  c'est  ?  chez  M.  Arthur,  vous  savez  bien...  l'amou- 
rei/x  de  madame.  —  Ah  !  Bibi!  que  je  dis,  parce  que  cet 
amourcuK-là,  dans  le  quartier,  nous  autres,  avec  tes  do- 
raesliquei!,  nous  l'appelons  Bibi...  ça  fait  rire.  (Changeant  de 
ion  )  Avec  tout  ça,  il  ne  vient  personne...  Fichue  com- 
mission !  v'Ià  ce  que  c'c?t  d'avcir  des  faibles-ses  pour  les 
femmes...  une  inférieure  encore...  parce  ce  que  moi,  ma 
gloriole  me  pousse  plus  haut...  Ah!  les  actrices...  Tenez, 
il  y  en  a  une...  une  chanteuse,  la  céèbre  Yéran  iah. 
C'est  celle-là  qui  m'inspire... 

SCÈNE  X 
VÉRANDAH,   CASSEGODL. 
VÉRANDAS,  luranl  la  portière. 

Je  reviens, 

CASSEGOUL. 

EnQnl  v'Ià  quelqu'un. 

VÉRANbAH,  k  e  loméme. 
J'étouffe!  il  se  marie!  et  je  permettrais  ça!... 

CASSEGOUL. 

.Monsieur  Arthur Fringard!  c'est-il  pas  ici  qu'il  demeure? 

VÉRANDAH,  le  retoarnant. 
Oui,  c'est  ici. 

CASSEGOUL.   k  part. 
Ah!  main'  Vérandah! 

VÊBANDAH. 

Qu'csl-ce  que  vous  lui  voulez  ? 

CASSKGOUL. 

C'est  une  lettre  que  j'apporte...  C'est  pas  que  je  soi.4 


28  LA    BOITE    A    BIBI 

commissionnaire...  (a  pan.)  Nom  d'un  viltjrequin!  elle  est 
encore  mieux  qu'au  gaz. 

VÉRANDAH. 

Qu'est-ce  que  vous  êtes  alors? 

CA?SEG0UL. 

Amible  Ca^50goul...  serrurier,  rue  de  Maubeuge.  J'ap- 
porte la  ieltrc,  parce  que  c'est  une  lettre  d'ainour. 

VÉRANnAlI. 

D'amour! 

CASSEGOUL. 

Oui,  et  l'amour  ra  mesympalhisf...  et  puis  cette  fois-ci 
ça  pres:-e...  ii  y  aura  quelqu'un  ce  soir  dans  la  boite  à 
Bibi. 

VÉRANDAH. 

La  boîte  à  Bibi  !  qu'est-ce  que  c'est  que  ça? 

CASSEGOUL. 

C'est  vrai,  vous  ne  savez  pas...  c'est  une  grande  ar- 
moire qu'elle  a  dans  son  cabinet  de  toilette,  pour  [)endro 
ses  robes. 

VÉRANDAH. 

Qui  va? 

CASSEGOUL. 

Eh  bien  î  la  dame...  . 

VÉRANDAH. 

Ah  !  la  dame  à  la  lettre. 

CASSEGOUL. 

Oud...  alors,  quand  le  mari  rentre... 

VÉaANDAH. 

1 1  y  a  un  mari  ? 

CASSEGOUL. 

Oh!  j'te  crois!  C'estcequifait  le  drôle...  sans  ça.,  alors, 
.■juand  le  mari  rentre  plus  tôt  qu'on  ne  l'attendait;  plouf!., 
elle  fourre  l'amoureux  dans  l'armoire...  alors  nous  autre?. 


LA    BUlTi:   A   biut  2'J 

avec  les  domestiques,  nous  avons  baptisé  ça  la  boîte  à 
Bibi...  ça  fait  rire,  ça  fait  rire!.  . 

VÉKANDAU. 

Je  comprends. 

CASSBGOUL. 

Parait  qu'une  fois,  il  y  est  resté  toute  la  nuit.  .  qu'il  en 
a  été  plus  de  quinze  jours  sans  pouvoir  aller...  à  son  ou- 
vrage ..  Voilà  comme  ra  se  passe  dans  le  grand  monde. 

VKRANDAII. 

C'est  très-drôle...  et  le  nom  de  la  dame? 

CASSKGOUL. 

Ah!  ça,  raara'  Vérandah,  jo  ne  peux  pas  le  dire. 

VÉRANDAH. 

Pourquoi?  ça  n'ira  pas  plus  loin...  nous  rirons  un  peu. 

CASSEGOUL. 

Oh!  rire  avec  vous,  c'est  mon  rêve...  mais  c'eU  im- 
possible; l'honneur  d'une  femme...  on  me  couperait  plutôt 
en  morceaux...  et  puis  je  ne  le  sais  pas. 

SCfcNK  XI 

Lbs  .Mkmks,  ARTHUR. 

ARTHUR,  arrivaiil    par  le   fond. 

Eh  bien!  voyons,  Vérandah!...  Ètes-vous plus  rai.«on- 
nable? 

VÉRANDAH. 

Oui,  Arthur  ;  c'est  fini,  je  n'y  pense  plus... 

CASSEGOUL,  k  part,  riant. 

Arthur...  c'est  Bibi  ! 

ARTHUR. 

\rai?à  la  bonne  heure  !  (Ap#rceTant  Caswgont.)  Quel  est 
cet  homme? 


3D  LA   BOITE   A   BIBI 

VÉRANDAH. 

Il  VOUS  apporte  une  lettre... 

CASSEGOUL. 

C'est  de  la  part  de  mam'zello  Florine...  ma  bonne  amie.. 
à  cause  de  ses  bas  blancs. 

ARTHUR. 

C'est  bien;  donnez... 

CASSEGOUL,  lui  donnant  la  lettre. 
En  mains  propres...  il  n'y  a  pas  de  réponse? 

ARTHUR. 

Non,  c'est  tout. 

CASSEGOUL,  remontant. 
Bon!  bon!  (a  Verandah.)  Faut  que  je  m'en  aille? 

VÉRANDAH. 

Sans  doute. 

CASSEGOUL. 

Je  m'en  vas.  (a  pari.)  Mais  je  reviendrai...  Ah  !  ces  fem- 
mes-là, c'est  de  l'or  qu'il  leur  faut...  Je  reviendrai...  (il 
sort  sans  emporter  ses  outils.) 

SCÈNE  XII 
i  ARTHUR,  VÉRANDAH. 

VÉRANDAH. 

Eh  bienl  Arthur...  Vous  ne  lisez  donc  pas  celte  lettre? 

ARTHUR,  jouant   rindilTôrcnco. 

Ah  !  j'ai  bien  le  temps...  je  sais  ce  que  c'est.,,  une 
lettre  tout  à  fait  insignifiante. 

VKRANDAH. 

N'importe,  vous  n'allez  pas  vous  gêner  avec  moi,  mon 
cher  5   lisez!...  (Elle   remonte  à  la  glaco   et   arrange  ses  cheveux, 
tjuten  regardant  Arthur  du  coin  do  l'œil.) 
ARTHUR. 

Puisque  vous  le  permette/....  (il  ouvre  la  lettre  et  jette  l'en- 


LA    BOIT^    A    tHBI  -,] 

»elopp«  à  terre.  — A  pari.)  D'Heure,  le  !  (iUut.)  C'est  bien  CO 
que  je  pensais  ..  tout  à  fail  i!:sign!raiilo.  (i.i  ani  i.ut  b<<.) 
«  Homme  sans  foi  et  sans  honneur,  vous  \ous  mariez  I 
Si  à  sept  heures  vous  n'êtes  pas  chez  ir.oi  avec  mes  Iclîits, 
à  huit  heures  mon  mari  aura  lus  vùlresl  »  Sapristi!  elle  \{i 
Terait  comme  elle  le  dit  I 

VKRA.NOAU,   reJcscenJjnl. 
Vous  n'avez  pas  l'air  conlenl. 

ARIUL  a,  s'oabliaal. 

Je  crois  bien... 

VÉRANDAII,   Ti.emant. 

Quoi  ? 

ARTHUR,  se  remettant  et  serrant  la  leUre  dans  sa  poche. 
iMon  propriétaire,  qui  ne  veut  pas  accepter  mon  conçt'. 

VÉRANDAII. 

Ah!  c'est  votre  propriétaire... 

ARTHl'R. 

Il  prétend  que  je  m'y  suis  pris  trop  lard. 

VÉRANDAH. 

Vous  n'avez  pas  de  chance  aujourd'hui  avec  les  con- 
gé.-:. 

ARTBtR. 

C  est  vrai...  (a  lart.)  Se|)t  heures  moins  cinq... 

SCKNE  xni 

Les  Mêmes,  GIIOSLAIT. 

GROSLAIT,   arri<act  e$-oufll-. 
Me  voilà  ..  J'ai  été  chez  dix-sept  médecins,  ils  étaient 
tous  sorti?...  mais  j'ai  laissé  l'adresse...  ils  vont  venir. 

VÉRANDA  H. 

C'est  inutile  ..  Je  vais  tout  à  fail  bien.,    merci,  baron 


32  LA    BOITE    A    BIBI 

GROSLAIT. 
Ça  n'a  rien  été...  tant  mieux!...  (Ramassaut  l'enveloppe  qni 

est  à  terre.)  Vous  perdez  quelque  cliose,  mon  cher...  Tiens! 
r*écriture  de  ma  femme. 

ARTHUa. 


Hum! 

Sa  femme  » 


VERANDAU,  k  part. 


ARTHUK,    troublé. 

Oui,  VOUS  savez...  comme  c'était  convenu,  elle  m'envoie 
le  coupon...   avec  quelques  mois  de  félicitation...  très- 
aimables.  (Regardant  la  pendule,  à  part.)  Sept  heures  passées! 
GROSLAIT. 

Je  vous  dis  qu'elle  vous  aime  bien...    (Changeant  de  ton.) 
Où  en  est-on  ?  qu'est-ce  qu'on  fait  ? 

ARTHUR. 

On  va  bientôt  prendre  le  café...  mais  croiriez-vous  qu'il 
ne  me  reste  pas  un  seul  cigare? 

GROSLAIT. 

Il  faut  envoyer  Baptiste. 

ARTHUR. 

Non...  je  ne  m'en  rapporte  qu'à  moi...   il  ne  sait  pas 
choisir...  Tenez  compagnie  à  ces  dames;  je  reviens,  (ii  sort 

virement.) 

SCÈNE  XIV 
GROSLAIT,  VÉl^ANDAH. 

VERANDAH,   à  part. 

Il  est  parti  !  il  est  allé  à  son  rendez -vous,  et   il  signe 
son  contrat  ce  soir...  Ah  !  les  hommes! 

GROSLAIT,    à  part. 

Eue  est  seule...  c'est  le  moment  de  pousser  une  botte 
sérieuse... 


LA    BOTE   A    BIBI  38 

vénA.NDAH,  à  part. 
Si  le  baron  rcnirail  chez  lui  tout  à  coup,  on  fourrerait 
Arlhurdan»  la  boîlo  à  Bibi.  Piouf!... 

GROSLAIT,   ('avançant. 

Chère  amie  ! . . . 

VÉRANDAH,   à  part,  fans  IVnUndre. 
Et  si    le  bafon  m'apportait  la  clé,   Arihnr  serait  pri- 
sonnier pour  toute  !a  nuit...  Comment  faire?... 

GROSLAIT,    aroc  force. 

EnQn,  Vcrandah,  je  puis  donc  vous  parler  san?  té- 
moins... 

VÉnANDAH. 

Ah  !  mon  Dien,  mon  aaii,  est-ce  que  vous  allez  me 
faire  ane  déclaration  ? 

GROSLAIT. 

Pas  autre  chosa.  Vérandah!  vous  voyez  ce  que  sont 
les  jeune?  gens!  tous  lâcheurs.  Renoncez-y  à  jamais,  et 
rcjelez-vous  sur  les  hommes  de  quarante  cinq  ans...  bien 
conservés...  l'avenir  ci^t  là.  Votre  cœur  est  lilire.  J'ai  fait 
trois  m©is  de  surnumérariat...  je  demande  à  être  nommé 
titulaire. 

VÉRANDAH. 

Mais  vous  êtes  marié,  mon  ciier  ! 

GltOSLAIT. 

Oh  I  si  peu!  et  ce  serait  si  commode,  maintenant  que 
nous  habitons  la  même  maison. 

VKRANOAH. 

C'est  vrai...  un  escalier  à  descendre,  un  à  monter. 

GROSLAIT. 

Mieux  que  ça.  Vous  .«avez,  la  prtile  grille  qui  sépare 
nos  balcons  ..  Eh  bien  !  vous  n'auriez  qu'à  faire  scier  un 
barreau...  (so  r-gariant.)  deux  harroa  i.x,  et  à  la  faveur  do 
la  nuit...  en  sourdine...  je  me  glis  erais... 


:}i  LA    BOITE   A    DIBI 

VÉRANDAH. 

C'est  ingénieux,  je  ne  dis  pas...  (Avec  sentiment.)  Ah!  si 
j'étais  sûre  que  vous  m'aimiez  comme  vous  le  dites  ! 

GROSLAIT. 

Mettez-moi  à  l'épreuve. 

VÉRANDAH. 

J'ai  bien  envie  d'essayer...  pour  voir. 

GROSLAIT. 

Demandez-moi  les  choses  les  plus  invraisemblables... 
un  pavé  du  Pont  Euxin...  la  clé  de  la  porte  Saint-Denis. 

VÉRANDAH. 

Une  clé,  c'est  cela...  Vous  savez  que  je  suis  originale... 
Tenez!  nos  appartements  sont  pareils...  Eh  bien!  il  y  a, 
dans  le  cabinet  de  toilette  de  votre  femme,  une  armoire... 
je  veux  la  clé  de  cette  armoire. 

GROSr-AlT. 

Mais  c'est  insensé...  Demandez-moi  autre  chose... 

VÉRANDAH. 

Non...  je  vous  demande  la  chose  du  monde  la  plus 
simple,  et  vous  hésitez.  L'épreuve  est  suffisante...  n'en 
parlons  plus. 

GROSLAIT. 

Mais  non,  je  ne  refuse  pas...  du  moment  que  vous  en 
faites  une  question  de  cabinet...  vous  l'aurez  quand  vous 
voudrez... 

VÉRANDAH. 

Tout  de  suite.  J'aime  les  choses  qui  vont  rondement. 

GROSLAIT. 

Moi  aussi...  Et  alors...  de  votre  côté,  vous  ne  penserez 
plus  à  Arthur?  jamais...  jamais!... 

VÉRANDAH. 

Jamais  ! 

GROSLAIT. 

Eh  bien!  donnez-m'en  une  preuve...  Sacrifiet-inoi  ces 


LA   fiOITE    A    BIBI  3o 

lettres  brûlantes  que  vous  lui  écrivites  jadis,  et  qu'il  vous 
a  rendues  tout  à  l'heure. 

VÉRANDAH. 

Vous  êtes  jaloux  du  passe  ? 

GROSLAIT. 

Eh  bien,  oui...  ça  me  ronge. 

VÉRANDAH. 

Gros  enfant  1  (Lai  doonact  le  paqaet  de  lettres.)  Tenez  !  les 
voici...  ce  soir,  vous  me  les  rapporterez  par  le  balcon,  et 
nous  les  brûlerons  ensemble. 

GROSLAIT. 

Les  barreaux  seront  coupés  ? 

VÉRANDAH. 

Oui! 

GROSLAIT,   éperdo. 

Vous  êtes  une  sirène...  mon  cœur...  mon  sang...   ma 

clé...  à  bientôt  !...    (U  tort  comme  dd  foa.) 
VÉRANDAH,  descendant. 

Je  crois  qu'Arthur  ne  signera  pas  son  contrat  ce  soir. 
(Elle  se  met  aa  piano  et  joae  machinalement  l'air  des  Djinns  da  Premier 
jour  de  bonheur.) 

SCÈNE  XV 

VÉRANDAH,  CASSEGOUL  ;  il  est  endimanché  et  tient 
on  SM  de  coir  à  la  main. 

CA8.SEG0UL,  regardant  dans  la  conlisse. 
Comme  il  court,  celui-là  1  (Aperce»ant  Vérandah.)  Ahl  la 
v'ià...  J'ai  pris  le  sac,  tout  l'héritagr'  de  ma  tante  Plumet, 
trois  cent  cinquante-sept  francs  ..  je  crois  que  c'est  rai- 
sonnable. (Êcoatant  le  piano.)  Elle  s'iuspire...  (Chaatonnaat.) 
Ab!  viens!...  ah!  viens  I... 

VÉRANDAH. 

Comment  l  c'est  encore  vous  ! 


36  ].A    liliiTK    A    IJIUI 

■      CASylX.OVL. 

Oui...  j'ai  oul,'li(3  mes  outils. 

VKUAM1AH,  jouanl  toujourf. 
Eh  bien,  prenez-les. 

CASSEGOUL,  avec  résolulion. 
Eh  bien  !  non,  c'est  pas  ç.a...  Je  viens  pour  vous  entre- 
tenir... cl  puis  celte  fois  ci,  je  suis  en  règle,  j'ai  rncn 
sac...    vous  m'écouterez.    (ll  s'approche  da   piauo  et  tourne  les 
pages  du  morceau.)  Ah!  viens!..,  ai» I  viens!... 
VÉRANDA II,  même  jeu. 
Un  autre  jour...  je  n'ai  pas  le  tennips...   (Humant  l'air.) 
Conimo  ça  sent  la  prommado!  (Elle  se  lève.) 

CASSIÎGOUL. 

C'eU  moi...  Je  m'ai  fait  couper  les  cheveux  à  votre  in- 
tention. (Tirant  un  [i;ipi.T  de  sa  {loclie.)  Voulez-VOuS  Cn  choisir 
une  mèche? 

VÉRANDAH,   riant. 

Merci..,  il  n'y  a  pas  assez  longtemps  que  je  vous  con- 
nais. 

CASSEGOUL. 

C'est-il  drôle!...  mais  tous  les  soirs,  je  suis  à  votre  café, 
concc!  t,  et  quand  vous  avez  fini  de  chanter,  je  suis  là,  sur 
le  trottoir,  quand  vous  montez  en  voiture.  Ah  bcn  !...  s'il 
fallait  vous  forger  un  bas  de  soie  en  lôle  de  fer,  j'ai  la 
mesure. 

VÉRANDAH. 

Mais  c'est  de  l'indiscrétion,  ça,  monsieur  Gassegoul. 

♦JASSEGOUC. 

C'estde  l'amour,,.  Une  fois...  vousnevous  rappelez  pas... 
je  vous  ai  ouvert  votre  portière,  et  vous  m'avez  donné 
deux  sous. 

VÉRANDAH. 

Ah  !  je  regretté  ..     | 

CASSEGOUL. 

'Non,  no  les  regrettez  pas.  Je  les  ai  fait  dorer  par  un  de 


LA  BOITE    A   BIBI  37 

mes  amis,  qui  est  doreur  sur  métaux  et  je  les  ai  mis  an 
bout  d'une  ficelle,  lis  sont  toujours  là,  sur  mon  estomac, 
(il  oarre  sod  gilet  et  montre  la  pièce  de  deax  soas,  peodae  sur  t^ 
poilrioe.) 

VÉRANDAH,  riaat. 
C'est  vrai. 

CASSEGOUL. 

V'ià  où  j'en  suis,  mam'zelle  Vérandah...   Maintenant, 
appréciez  un  peu  ce  qui  vous  reste  à  faire. 

MADELEINE,  oavraot  la  portière,  aa  fond. 
Eh  bien!  Vérandah,  qu'est-ce  que  tu  fais? 

TAMBOURINE,  de  même. 
On  boit  du  Champagne;  viens  donc  ! 

VÉRANDAH. 
J'y  vais.  (Madelelae  et  Tamboarine  diiparaissent  ;  Vérandab  t^ 
monte  ponr  les  soirre.) 

CASSEGOUL. 

Vous  vous  en  allez  comme  ça...  sans  me  rien  dire?  C'est 
donc  que  vous  méprisez  les  serruriers  ! 

VERANDAH,  à  p.<rt,  redescendant  nn  pen. 
Tiens,  au  fait!  il  m'en  faut  un,  pour  les  barreaux. 

CASSEGOUL. 

Mais  j'ai  un  sac...  l'héritage  de  ma  tante  Plumet,  (ii  upe 

snr  son  sac  d'argent.) 

VÉRANDAH. 

Laissons  cela,  mon  ami.  J'aurai  besoin  de  vous  ce  soir. 

CASSEGOUL. 

Ce  soir,  bon  I  (a  part.)  V'ià  le  sac  qui  fait  son  effet. 

VÉRANDAH. 

Chez  moi...  36,  boulevard  Ilaussmann. 

CASSEGOUL,   k  part. 

Elle  me  donne  son  adresse. 

VÉRANDAH. 

Un  peu  tard...  sur  les  onze  heures. 

I 


38  LA   BOITE   A   BIBI 

CASSEGOUL,  à  part. 

Quand  les  domestiques  seront  couchés. 

VÉRANDAH. 

Vous  monterez  par  l'escalier  de  service. 

CASSEGOUL. 

Compris  !  (a  part.)  C'est  plus  mystérieux. 

TAMBOUR INEj  reparaissant. 
Voyons  donc,  Vérandah  ? 

VÉRANDAH,  en  dehors. 

Voilà  !  voilà  !  (a  Cassegoui.)  Non,  au  fait...  je  ne  suis  pas 
sûre...  je  vous  enverrai  chercher. 

TOUTES. 

Vérandah  1  Vérandah  ! 

VÉRANDAH. 

Voilà  I  (Elle  sort  et  disparaît  ayec  Tambourine.) 

CASSEGOUL,  mettant  son  sac  dans  sa  poche. 

Ça  y  est!  Elle  m'enverra  chercher...  par  une  vieille... 
une  duègne...  comme  dans  les  pièces  de  théâtre.  Ce  soir, 
je  serai  heureux  1  Je  serai  l'égal  des  banquetiers, 

SCÈNE  XVI 

CASSEGOUL,  HENRIETTE,  puis  BAPTISTE. 

Henriette  entre  rapidement,  effarée.  Ella  est  en  toiliette  d'Opéra. 

HENRIETTE,   très-vite. 
M'y  voici!...  Ah!  quelqu'un,  (a  Cassegoui.)  Mon  ami... 

CASSEGOUL,   à  part. 

Déjà  la  duègne!  Ah!  non,  elle  est  trop  jeune  pour  une 
vieille. 

HENRIETTE. 

Je  veux  parler  à  M.  Roquillon. 

CASSEGOUL. 

Roquillon...  connais  pas. 


LA   BOITE   A    BIBI  39 

HENRIETTE. 

Il  est  ici...  je  le  sais...  Prévenez-le...  Hâlez-vous,  il  y 
va  de  Texistence  de  deux  personnes.  Voici  ma  bourse... 

prenez. . .  (Elle  lai  doone  sa  bourse.} 

CASSEGOUL,  à  part. 

Sa  bourse!  (Haat.)  Mais  c'est  que  je  oe  suis  pas  de  la 
maison,  moi...  je  suis  serrurier. 

HENRIETTE. 

Serrurier!  C'est  le  ciel  qui  vous  envoie... 

CASSEGOUL. 

Le  ciel...  mais  non,  je  viens  de  ma  boutique...  (voyaoi 
entrer  Baptiste,  qui  apporte  ane  lampe  aliainée.)  Un  domestique. 
(a  HeDrieite.)  Attendez  I  (a  Baptiste.)  M.  Roqxiillon...  avez- 
V0U8  ça  ? 

BAPTISTE. 

Certainement...  il  est  là. 

HENRIETTE. 

Qu*il  vienne  sur-le-champ...  n'est-ce  pas,  mon  ami  ? 

BAPTISTE. 
Oui,  madame.  (Il  sort  par  le  fond.) 

CASSEGOUL,  à  part. 
Parait  que  ça  presse,    (ll  prend  ses  oatils  et  va  poDr  sortir.) 
HENRIETTE,   le  retenant. 

Ne  vous  en  allez  pas;  on  aura  besoin  de  vous. 

CASSEGOUL. 

Mais  pourtant... 

HENRIETTE,  lai  montrant  la  droite. 
Entrez  là  cl  attendez. 

CASSEGOUL. 

C'estque  j'ai  affaire. 

HENRIETTE. 
Pas  un  mo^  ' ...     (Détactiast  an  bracelet  4e  son  bras.)    Prcucz 

M  br^celek 


40  LA    BOITE   A   filBI 

CASSE60UL. 

Mais,  madame... 

HENRIETTE. 

Prenez  donc!...  et  faites  ce  que  je  vous  dis. 

CASSEGOUL,   ahuri. 

Oui,  madame,  (a  part,  en  sortant.]  Excusez!  elle  mo  donne 
ses  bijoux.  Elle  est  ecore  meilleur  genre  que  l'autre,  (ii 
entre  à  gauche,  pan  coupé.) 

HENRIETTE,  geale. 

Pourvu  qu'il  ne  tarde  pas...  .Ah  !  quelqu'un! 

SCÈNE  XVII 
ROQUILLON,  HENRIETTE. 

ROQUILLON,  un  verre  de  Champagne  à  la  main, 
il  est  na  peu  gai. 
Charmantes,  les  cousines...  Il  y  en  a  déjà  trois  qui  me 
tutoient... 

HENRIETTE,   à  part. 

Le  voilà  1 

ROQUILLON. 

Il  y  a  une  dame  qui  me  demande  !... 

HENRIETTE,   «'avançant  viv.>nient. 

C'est  moi,  monsieur.  Vous  êtes  mons,'cur  Roquillon  ? 

ROQUILLON. 

Lui  même...  et  vous,  belle  inconnue?... 

HENRIETTE. 

Je  suis  madame  de  Groslait. 

ROQUILLON,  très-galant. 
Avec  qui  je  vais  avoir  le  bonheur,  ce  soir...  enchante'... 
HENRIETTE,  l'interrompant. 

Pas  de  politesses...  au  nom  du  ciel  !  lous  n'avons  pas 
le  temps  ! 


La  boite  a  bibi  41 

roquillon. 
Ah  !  j3  m'abstiens...  à  regret... 

HENRIETTE. 

VoHS  attendez  votre  gendre  ? 

ROQUILLON. 

Je  l'attends...  tout  doucement. 

HENRIETTE. 

Il  ne  viendra  pas. 

ROQu'lLLON. 

Pardon!...  a  le  contrat. 

HENRIETTE,  frappant  da  pied. 
Je  VOUS  dis  qu'il  ne  viendra  pas  !    Laissez-moi  parler... 
les  instants  sont  précieux... 

ROQUILLON,  sirotant  son  verra* 
Allez  ! 

HENRIETTE. 

Il  y  a  une  heure,  M.  Fringard  est  venu  chez  moi. 

ROQUILLON,  do  même. 
Four  quoi  faire? 

HENRIETTE. 

Peu  importe...  mais  laissez  donc  ce  verre...  (Elle  Ini 
tape  sor  le  bras.)  Nous  Causions  de  votre  fille,  de  vous...  il 
me  disait  que  vous  étiez  ici  à  l'attendre...  moi,  je  lui  don- 
nais de  bons  conseils...  Tout  à  coup  mon  mari,  qui  ne  de- 
vait rentrer  que  plus  tard... 

ROQUILLON. 

Rentre  plus  tôt...  Ça  ne  rate  jamais! 

HENRIETTE. 

Vous  ne  connaissez  pas  mon  mari,  monsieur...  il  est 
iiorribiement  jaloux. 

ROQUILLON. 

Il  a  bien  tort... 

HENRIETTE. 

Je  fais  cacher  M.  Fringard  dans  une  armoire,  et  Je  tâche 


42  LA  BOITE  A   BIBI 

de  dissimuler  mon  trouble  en  achevant  ma  toilette... 
lorsque  je  vois,  dans  la  glace,  mon  mari  qui  prend  la  clé 
de  l'armoire  et  la  met  dans  sa*  poche. 

ROQUILLON,  sirotant  tonjours. 
Oh  !  oh  ! 

HENRIETTE,  Jai  arrachant  son  verre. 
Mais  laissez  donc  ce  verre  !  (Elle  le  met  dans  sa  poche.) 
Est-ce  une  distraction,  comme  il  en  a  souvent,  ou  bien  se 
doute-t-il  de  quelque  chose  ?  voilà  ce  que  je  me  demande 
avec  anxiété...  Qu'en  pensez- vous?...  mais  répondez  donc, 
monsieur...  répondez  donc! 

ROQUILLON. 

Je  ne  sais  pas,  moi...  Quel  air  avait-il T 

HENRIETTE. 

L'air  désagréable...  comme  d'habitude...  il  m'a  offert 
son  bras  et  nous  sommes  partis...  Alors,  j'ai  pensé  à 
vous... 

ROQUILLON. 

Vous  êtes  bien  bonne . 

HENRIETTE. 

J'ai  dit  à  mon  mari  :  Si  nous  prenions  M.  Arthur  en 
passant...  Vous  jugez  si  ma  voix  tremblait... 

ROQUILLON. 

Je  le  vois  d'ici...  et  il  a  répondu  ? 

HENRIETTE. 

Il  a  répondu  :  Je  veux  bien  ! 

ROQUILLON. 

Alors,  il  ignore... 

HENRIETTE. 

Qui  sait?...  il  est  faux  comme  un  jeton.  Arrivés  en  bas, 
je  l'ai  prié  de  m'acheter  un  bouquet  chez  la  fleuriste  qui 
est  dans  la  maison,  et  je  suis  montée  quatre  à  quatre  ! 
Grâce  à  Dieu,  vous  étiez  là  ! 


LA   BOITB  A   Blfil  ^ 

ROQOILLON. 

Bien  tranquille. 

HENBIETTE. 

Vous  comprenez  maintenant  la  situation...  H  n'y  a 
^e  vous  qui  puissiez  me  sauver...  il  faut  que,  lorsque 
nous  rentrerons  de  l'Opéra,  Arthur  ne  soit  plus  dans  l'ar 
moire. 

ROQOILLON. 

Comment  faire? 

HENBIETTB. 

Vous  allez  aller  chez  moi,  26,  boulevard  Haussmann  ; 
vous  passerez  rapidement  devant  le  concierge... 

ROQCILLON. 

Sans  le  saluer. 

HENRIETTE. 

Vous  monterez  au  second.  Voici  la  clé  de  l'apparte- 
ment, (e  i:  la  loi  donne.)  Il  n'y  aura  personne.  J'ai  donné 
congé  aux  domestiques. 

ROQUILLON. 

Très-bien  !  après?... 

HENRIETTE. 

Vous  chercherez  le  cabinet  de  toilette,  vous  y  trouve- 
rez la  fatale  armoire,  et  vous  crochèterez  la  serrure... 

ROQOILLON. 

Diable  !  de  l'effraction  ! 

HENRIETTE,   arec  «iolenca. 

Aimez-vous  mieux  qu'il  nous  lue  tous.' 

BOQUILLON,  effrayé. 

Tous  1  non  !  C'est  que  je  n'ai  jamais  appris  à  crocheter. 
Il  faudrait  un  serrurier. 

HENRIETTE. 

J'en  ai  un. 

ROQUILLON. 

OùT 


LA  BOITE   A    BIBI 
HENRIETTE. 


Là! 


ROQUlLf  ON,  à  part. 

Elle  a  tout  prévu  !  c'est  une  femme  supérieure. 

HENRIETTE. 

Allez  le  retrouver.  (Prêtant  l'oreille.)   J'entends  tousser; 
c'est  mon  mari...  allez...  allez  donc  ! 

BOQUILLON. 

Quelle  aventure  !....  (En  sortant.)  C'est  une  femme  supé- 
rieure, (il  disparaît  parla  porte  où  est  sorti  Cassegoul.) 

SCÈNE  XVIII 

HENRIETTE,  GROSLAIT,  avec  nn  bouquet,  pui» 
VÉRANDAH. 

GROSLAIT,  s'asséyant  et  posant  son  bouquet. 
Ah!  que  c'est  haut  I....    Sommes-nous    prêts?  il  est 
riicure. 

HENRIETTE. 

Oui,  partons. 

GROSLAIT. 

Et  Arthur  ? 

HENRIETTE. 

Il  est  parti  devant  avec  son  beau-père...  nous  nous  re- 
trouverons là-bas...  allons  !  (Elle  remonte.) 
GROSLAIT,  se  levant. 

Je  te  suis... 

HENRIETTE. 
Ah  I  mon  bouquet!  (Elle  le  prend.) 
GROSLAIT,  apercevant  Véraudah  qui  ouvre  la  porte  "du  fond. 
Vérandah  !   (li  tire   la  clé  de  sa  poche  et  la  lui  montre  de  loin. 
—  Très-bas.)  La  clé,  la  clé  ! 


LA   BOITB    A   Bin  45 

HENRIETTE,  an  fond. 

Eh  bien!...  Venez-vous? 

GROSLAIT,  mement,  cachantla  clé 
Me  voilà,  chère  amie...  me  voilà  !  (ii  fait  an  ngue  d'iotoiu- 
gence    à  Véraodab,    offre    le    bras    à  ta    femme  et  dùparait  arec 
•U«). 

VÉRANDAH,  seale. 

Il  a  la  clé  dans  sa  poche...  je  suis  tranquille.  (Hant.) 
Baptiste,  nos  dentelles  !  (Elle  rentre  aa  fond.) 

SCÈNE  XIX 

CASSEGOUL,  portant  son  troD5>eaa  de  faaties  dit  et  Mt 
ouiu»,  ROQUILLON,  pnu  BAPTISTE,  VÉRANDAH  et 
Toutes  les  Femmes. 

BOQUILLON,  tirant  Cattegool. 
Mais  venez  donc  !... 

CASSEGOOL. 

Minute!...  faut  savoir...  où  atlons-noos? 

ROQUILLON. 

26,  boulevard  Haussmann. 

CASSEGOUL. 

C'est  la  daègne  !...  Elle  me  lient  parole... 

ROQUILLON. 

Mais  venez  donc. 

CASSEGOUL. 
Oui,  dépéchons-nous...  (Il  disparaît  par  le  fond  à  droite  en  en- 
tminaot  Roqaillon.  An  même  moment  Baptiste,  qui  est  entré  par  la 
dioiie,  premier  plan,  avec  les  cbapeaax.  Ta  ouvrir  la  porte  do  fond. 
On  aperçoit  Véranduh  et  toatea  les  femmes  bavant  dn  Champagne  au* 
toor  d'ans  table.> 

3i 


46  LA    BOITE   A    BIBI 

VÉRANDAH,  accotée  contre  la  porte  et  levant  son  Terre. 
Au  mariage  d'Arthur  ! 

TOUTES. 

Au  mariage  d'Arthur  ! 

CHCEUR 

Et  si  ça  casse  i 
Etc.. 


ACTE   DEUXIÈME 

CHES    HEXBICTTE 

Un  cabinet  de  toilette  à  pans  coupés.  La  porte  d'entrée  dans  le  pan 
coDpé  lie  gancbe.  Une  grande  armoire  dans  le  pan  coupé  de  droite. 
An  Tond,  ooe  toilette  arec  tons  ses  accessoires,  garnie  de  rideaax 
par  deraot;  entre  l'armoire  et  la  toilette,  une  fenêtre  donnant  sur 
on  balcon.  A  droite  et  à  gauche,  premier  plan,  une  porte  avec  ten- 
ture. Adroite,  deuxième  plan,  une  autre  porte;  à  gauche,  deuxième 
plan,  une  cheminée  avec  un  écran  mobile.  Dn  même  côté,  entre  la 
cheminée  et  la  porte  d'entrée,  nn  placard.  Un  petitguéridon,  à  gau- 
che, premier  plan.  A  droite«»aD  grand  diran. 


SCÈNE  PREMIÈRE 

FLORIN E  unie,  Moffla&t  le  fea. 

Allons,  bon  !  ça  fi:me...  (Elle  va  oavrir  la  fénètro  et  retient.) 
Ah!  ça  va  prendre  ;  madame  trouvera  son  feu  allumé 
quand  elle  reviendra.  (Elle  remet  l'écran  devant  la  cbemioée.) 
Qu'est-ce  que  j'ai  encore  à  faire  avant  de  me  coucher?... 
Ah!...  ranger  la  toilette...  (Elle  va  au  fond  ranger  les  oLieta 
qai  sont  sor  la  toilette.  Joseph  entre  tont  doocemeal  par  la  feoitre 
«■rerU  et  l'ambrasse  lor  la  eoo.)  Ab  ! 


48  LA   BOITE   A    BIBl 

SCÈNE    II 

FLORINE,  JOSEPH. 

'JOSEPH. 

Bonsoir,  mademoiselle  Florine. 

FLORINE. 

Hé  bien  !  Par  où  êtes- vous  donc  venu  ? 

JOSEPH. 

Par  le  balcon  ;  madame  a  fait  scier  deux  barreaux  de  la 
séparation. 

FLORINE. 

Tiens  !... 

JOSEPH. 

On  a  mis  des  fleurs  pour  cacher  l'ouverture  et,  à  partir 
de  ce  soir,  votre  bourgeois  a  ses  petites  entrées  chez  nous. 

FLORINE. 

Bah  !  Je  reconnais  bien  là  monsieur.  Il  est  si  sournois, 
si  cachotier  I 

JOSEPH.' 

C'est  donc  ça  que  je  ne  l'ai  jamais  vu. 

FLORINE. 

Et  vous  avez  voulu  inaugurer  le  chemin  des  amoureux. 

JOSEPH. 

Ça  m'était  bien  dû...  C'est  moi  qui  ai  été  chercher  le 
serrurier...  celui  de  la  rue  Maubeuge. 

FLORINE. 

Monsieur  Amable? 

JOSEPH. 

Il  n'était  pas  chez  lui...  il  a  fallu  en  prendre  an  autre... 
malheureusement. 

FLORINE. 

A  cause,  malheureusement? 


LA    BOITE  A   BIB1  ¥f 

JOSEPH. 

A  caase  qu'il  vous  fait  la  cour.  (L'embratsaot)  C'était 
bien  plus  drôle  devant  lui. 

FLORINE. 

Finissez  donc...  J'ai  affaire. 

JOSEPH. 

Peut-on  vous  aider? 

FLOBINB. 

Je  veux  bien.  Prenez  ça;  nous  allons  changer  les  bou- 
gies. (Elle  lai  donne  les  deux  flambeaax  et  prend  ane  bowlloire.) 
JOSEPH. 

Bon...  Vous  savez  que  je  viens  vous  prendre  après  le 
bal  de  madame,  et  que  nous  soupons  ensemble. 
FLORINS,  entrant  à  droite,  premier  plan. 
Si  je  peux  m'échapper. 

JOSEPH,  la  suivant. 
Âb!  vous  me  l'avez  promis,  (lu  disparaissent.) 

SCÈNE  III 

ROOUILLON,  puis  CASSEGOUL,  ils  ont  tons  de»  les  pieds 
enveloppés  dans  des  serviettes. 

(La  seène  reste  vide  un  instant.  Roqoillon  passe  la  tête  par  la 
porte  dn  pan  coapé  de  gaacbe,  pais  il  avance  une  main  armée 
•l'an  rat  do  cave   allamé.) 

ROQUILLON. 
Personne!...    (il  entre  et  regarde  aalonr  de  loi)    Voilà  le 

cabinet  de  toilette.  (Renoount,  à  dpmi-voix.)  Venez!... 

CASSEGOUL,  même  jea. 

Nous  sommes  arrivés? 

BOQUILI  ON,    plaçant  «on  rat  de  cave  dans  an  petit   porte-bonqaet 
qoi  se  iroove  snr  la  toilalte.  Il  parla  tout  bis. 
Oui.  .  entrez;   c'est   ici...   (Casiegoul  entre.)   Posez  vos 
outils...  vous  en  aurez  besoin. 


50  LA   BOITE   A    BIBI 

CASSEGOUL,  de  mèrao. 

Pourquoi  que  vous  nous  avez  fait  mettre  des  serviettes 
à  nos  souliers?  On  va  donc  se  mettre  à  table? 

BOQUILLON. 

J'ai   lu  ça  dans  Vidocq...  ça   assourdit  les  pas...  ça 
étouffe  le  bruit...  comprenez-vous? 

CASSEGOUL. 

Oui,  oui!  c'est  une  partie  fine...  faut  du  mystère.  .  faut 
du  mystère... 

ROQUILLON. 
Maintenant,  orientons-nous...    (Regardant     antonr   do  lai.) 

Ça,  c'est  un  placard...  ça?... 

CASSEGOUL,  le  gnirant. 
Vous  cherchez  quelque  chose.^ 

ROQUILLON. 

L'armoire...  Ah!  la  voici...  Je  suis  ému.  (Cognant  à  l'ar- 
moire.) Arthur!  êtes-vouslà? 

CASSEGOUL,   étonné. 
Arthur! 

ARTHUR,  dans  l'armoire. 
Oui,  je  suis  là. 

ROQUILLON. 

Respirez-vous  encore  ? 

ARTHUR. 

Je  respire  mal...  Ouvrez -moi  vite. 

ROQUILLON. 

Tout  de  suite,  (a  Cassegoui.)  Prenez  vos  rossignols. 

CASSEGOUL. 

Mais  dites-donc.  mais  dites  donc!  alors,  c'est  la  boîte  à 
Bibi. 

ROQUILLON. 

La  boîte?... 

CASSEGOUL. 

Qui  est  chez  la  bourgeoise  à  Florine... 


LA   iiOITE   A    BIBI  51 

BOQUILLON. 

Pas  de  questions!...  le  Dom  de  la  dame  do  doit  pas  être 
pi'unoncé  ! 

CASSE  GOUL. 

Faut  du  mystère... 

ROQOILLON. 

Contentez-vous  de  m'obéir. 

CA3SEG0UL. 

Qu'est-ce  qu'il  faut  faire? 

ROQUILLON. 

Crocheter  cette  serrure. 

CASSEGOnL. 
Ça  me  connaît...  (ll  essaie  de  forcer  la  serran  de  l'armoird.) 

ROQUILLON. 

Du  sang-froid! 

CASSBGOOL. 

C'est  rien  du  tout.  (Essayant  nae  antre  clé.)  On  ouvrirait 
Çd  avec  un  clou.  (Il  fonrgoone  U  serrnre.) 
ROQUILLON. 

Il  me  semble  qu'on  va  m'arracder  une  dent...  (a  Cassa- 
goni.)  \'.h  bien? 

CA^SEGOUL. 

Elle  résiste...  C'eàt-il  drôle  !... 

ROQUILLON. 

Ce  sont  les  nerfs...  Donnez,  je  vais  essayer...  (ii  prend 
les  fanises  dis  et  essaie.)    Effraction...  dans  une  maison  ha- 
bitée, (s'arrètant.)  Non,  je  ne  peux  pas  non  plus...  (Tombant 
lar  nne  chaise.)  Reposons-nOUS  un  peu.    (ll  s'éponge  le  front.) 
CASSEGOlIL. 

Et  puis,  ôtons  nos  serviettes  ;  c'est  ça  qui  nous  gène. 

ROQUILLON. 

Oui.  Ça  me  fait  monter  le  sang  à  la  tète...  (iis  ôu^nt 
Imn  lerriettes.) 


52  LA  fiOITE   A   BIBI 

CASSBGOUL. 

Est-ce  qu'elle  ne  va  pas  venir? 

ROQUILLON. 

Silence  ! 

ARTHUR. 

Dépêchez-vous  donc  !  on  étouffe,  là-dedans. 

CASSEGOUL. 

Il  dit  qu'il  étouffe. 

ROQOILLON. 

Il  manque  d'oxygène. 

CASSEGOUL. 

Qu'est-ce  que  c'est  que  ça  ? 

ROQUILLON. 

C'est  un  gaz... 

CASSEGOUL. 

Ah  !  oui...  ça  sert  à  gonfler  les  ballons. 

ROQUILLON. 

Si  je  pouvais  lui  en  faire  passer  un  peu!...  Ah!  j'ai  une 
idée...  (il  va  à  la  cheminée,  prend  le  sonfllet,  va  l'emplir  d'air  à  la 
croiiée  et  rerient  à  Cassegonl.)  Prenez  ça  ! 

CASSEGOUL,  prenant  le  sonfilet. 

Moi! 

ROQUILLON. 

Et  soufflez  dans  la  serrure...  fort! 

CASSEGOUL,  soufllaut  dans  la  sermre. 
Je  souffle!...  (a  part.)  En  v'ià  une  drôle  de  partie  fine! 
(Arthur  éternae.) 

ROQUILLON. 

Il  s'enrhume. . .  Halte  ! 

CASSEGOUL. 

11  est  assez  gonflé... 

ROQUILLON. 

Silence  !...  Maintenant  qu'il  a  une  bonne  petite  provi- 
sion d'air,  recrochetons... 


LA   BOITE   A   BIBI  88 

CASSEGOUL. 

Éclairez^moi. 

ROQUILLON,  prenant  la  rat  de  eafe. 
Oui...  et  du  sang-froid...  Ça  ne  va  pas  encore  ?... 

CASSEGOUL. 

Je  vas  vous  dire...  J'ai  une  spécialité...  parce  qu'il  y  a 
deux  espèces  de  serrures...  il  y  a  celles  que  je  sais  ou- 
vrir... ça,  c'est  ma  spécialité,  et  puis  il  y  a  les  autres... 
Éclairez-moi  donc  ! 

ROQUILLON. 

Le  rat  va  mourir...  il  me  coule  entre  les  doigts...  Sa- 
pristi !  qu'est-ce  que  nous  allons  devenir  sans  lumière  ? 

CASSEGOUL. 

Il  doit  y  avoir  de  la  chandelle  quelque  part. 

BOQUILLO.V. 

Cest  juste!  (Regardant.)  Rien  ici.  .  Je  vais  voir  ailleurs... 
Travaillez  toujours  en  m'atteadaôl.  (il  entre  à  gancbe,  pre< 
aier  plan.) 

SCÈNE  IV 
CASSEGOUL,  pois  FLORINS. 

CASSEGOUL,  leal. 

Travaillez!...  Et  il  emporte  la  lumière...  Il  croit  donc 
parler  à  un  chat  Y...  En  v'ià  une  drôle  de  partie  fine  ! 
FLORINE,  venant  de  la  droite,  en  parlant  en  dehors. 
Elle  tient  aoe  Inmi^re. 

Oui,  je  reviens.  (Apercerant  Casegonl.)  Âh  I  Quelqu'un  I 

CASSEGOUL,   inrpris. 

Mademoiselle  Florine  ! 

FLORINE,  de  même. 
Monsieur  Âmable  !  (A  part.)  Et  de  deux.  (Elle  referme  Tire 
ment  la  porte  par  UqneHeelle  eit  entrée.). 


K4  là.    BOITE  A   BIBI 

CASSEGOUL,  à  part. 

Elle  va  me  gêner. 

PLORINE. 

Gomment  êtes- vous  entrt^  ici  ? 

CASSEGOUL. 

Mais...  par  la  porte. 

FLORINS,  regardaDt  les  fansses  clés^  à  part 
.  Ah!  je  comprends...  Il  a  crocheté  la  serrure...  Faut-il 
qu'il  m'adore  ! 

CASSEGOUL,  à  part. 

Si  je  pouvais  l'envoyer  promener...  (n  pose  ses  outils.) 

FLORINE. 

Je  vous  avais  cependant  défendu  de  venir. 

CASSEGOUL,  à  part. 
Elle  croit  que  c'est  pour  elle...    Elle  me  fait  de  la 
peine. 

FLORINE. 

Voyons!  soyez  raisonnable;  embrassez-moi,  et  partez  ! 

CASSEGOUL. 

Pour  ce  qui  est  de  vous  embrasser,  c'est  possible... 
(Il  l'embrasse.)  mais  pour  ce  qui  est  de  partir... 

FLORINE. 

Chut  !  Du  bruit...  je  vais  voir...  (Regardant  au  fond.)  C'est 
Monsieur!!!  (Ouvrant  le  placard.)  Mettez-vous  là... 

CASSEGOUL. 

Mais  je  ne  crains  rien. 

FLORINE,  le  poussant. 
Entrez  donc  !     (Elle   ponsse  Catsegool  dans  le  placard  et  re- 
ferme la  porte.)  Ça  y  est!... 


LA    BlITE   A    BIBI  55 

SCÈNE  V 
GROSLAIT,  FLORINE. 

6R0SLAIT,  entrant  par  le  fond  k  ganehe. 
Vous  êtes  là,  Florine? 

PLOBINE. 

Oui,  monsieur  ;  j'étais  en  train  d'arranger  les  robes  de 
madame... 

GROSLAIT. 

C'est  bien,  vous  pouvez  aller  dormir. 

FLORINB.. 

C'est  que...  je  n'ai  pas  fini... 

GROSLAIT. 

Vous  finirez  un  autre  jour...  Laissez-moi... 

FLORINE. 

Oui,  monsieur,  (ed  sortant.)  Un  là...  un  là!...  En  voilà 
de  l'ouvrage.  (eiIc  ilhparait  par  le  fond.) 

SCÈNE  VI 

GROSLAIT,  leni. 

J'ai  lâché  ma  femme  à  l'Opéra,  après  l'ouverture...  Je 
lui  ai  dit  que  j'allais  au  cercle...  et  me  voilà  !  Il  s'agit  de 
faire  une  toilette  de  première,  pour  aller  chez  Vérandab  ! 
Habit  bleu...  mon  habit  à  conquêtes...  Ah!  dans  le 
divan,  (n  l'onrre.)  C'est  commode  ;  ça  ne  fait  pas  de  plis, 
(il  prend  l'habit  et  referme  le  diran.)  Là!...  n'oublionS  pas  d'y 
transvaser  la  correspondance  de  Vcrandah  !...  Diable  !... 
ce  sont  mes  lettres  d'introduction,  (ii  prend  les  lettres  dam 
son  habit  et  les  met  dans  la  poche  de  I  habit  blea.)  Voilà!  (il  pose 
l'habit  bien  sor  le  ilossier  d'une  chaise.)  .Maintenant,  ma  cravate 
blanche,  et  une  chemise  idem.  .  dans  ma  chambre,  (ii  sort 
par  la  droite,  <l(oiième  plan,  en  emportant  la  lomière.) 


S6  LA   BOITE   A   BIBI 

SCÈNE  VII 

ROQDILLON,  CASSEGOUL,  dans  le  placard. 

ROQUILLON,  revenant  parlaganche,  premier  plan,  arec  une  lampe 
allamée. 

J'ai   trouvé  une  lampe;  mais   l'huile   ne   voulait  pas 
monter.  C'est  toujours  comme  ça  quand  on  est  pressé... 
Enfin  maintenant,  nous  allons  y  voir  clair...    (Regardant 
antour  délai.)  Tiens!  OÙ  donc  est  passé  Cassegoul? 
CASSEGOUL,  dans  le  placard. 
Ouvrez-moi,  mamzelle  Florine? 

ROQUILLON,  se  retournant  vers  le  placard. 
C'est  sa  voix. 

JOSEPH,  revenant  par  la  droite. 
Florine  m'a  planté  là...  ma  toi,  tant  pis  !  je  file,  (il  sort 
par  le  balcon  sans  voir  Roqaillon.) 

ROQUILLON. 

Pourquoi    s'est-il  fourré  là-dedans  ?...    Ouvrons-lui. 
(il  va  au  placard.) 

JOSEPH,  revenant. 
Ah!  mon  chapeau  !.. .  (ii  le  cherche.) 

ROQUILLON,  ouvrant  le  placard  à  Cassegonl. 
Venez!... 

JOSEPH,  apercevant  Roquillon. 
Oh!  quelqu'un!    (Dans  sa  frayeur,  il  heurte  un   verre  sur  la 
toilette.) 

ROQUILLON,  entendant  du  bruit  et  se  retournant  eflrayé. 
Hein!...  (u  repousse  Cassegoul  dans  le  placard,  dont  il  referme 
vivement  la  porte.)  Un  domestique!...  Que  dire  ! 
JOSEPH,  à  part. 
Le  bourgeois!.. 4  pincé  !... 


LA   BOITE   A   BIBI  57 

BOQCILLON,   troablé. 

Que  demandez-vous  ? 

JOSEPH. 
Moi...  je...  (a  part.)    Au  fait,  j'ai  un  motif  I    (S'araoçant, 
à  demi-Toiz.)  Chut!...  cbut  !... 

BOQUILLON,  étonni. 
Quoi  chut  ? 

JOSEPH,  de  même. 
Je  suis  le  cocher  de  mademoiselle  Vérandab  I 

ROQUILLON,  sans  comprendre. 
Âh  !  ah  !  vous  êtes  le  cocher  ?... 

JOSEPH. 

Oui,  monsieur  le  baron. 

BOQUILLON,   à  paru 

Il  me  prend  pour  le  baron...  (Hant  )  Alors?... 

JOSEPH. 

Chut  !...  Je  venais  prévenir  M.  le  baron  que  ses  vœux 
sont  accomplis.  . 

BOQUILLON. 

Quels  vœux  ? 

JOSEPH. 

Monsieur  sait  bien...  les  barreaux...  Zig!...<;o\ipé8!... 

BOQUILLON. 

Parfait!  parfait!...  (A  part.)  Ayons  Tairde  comprendre. 
(Haai.)  Je  suis  bien  aise  de  savoir  ça. 

JOSEPH. 

Le  serrurier  vient  de  finir  à  l'instant  ;  il  voulait  môme 
demander  un  pourboire  à  M.  le  baron. 

BOQUILLON. 

C'est  an  ivrogne... 

JOSEPH. 

Comme  tous  ces  gens-là....  mais  je  lui  ai  fait  compren- 
dre que,  si  quelqu'un  avait  mérité  un  pourboire,  ce  n'était 
pas  lui. 


58  LA   BOITE   A   BEBI 

ROQUILLON. 

Ahl  bon!...  (a  part.)  C'est  une  carotte...  débarrassons- 
nous-en  au  prix  d'un  sacrifice.  .  (Haut,  —  lui  donnant  de  l'ar- 
gent.) Tenez,  mon  garçon. 

JOSEPH. 

Ah!  monsieur  le  baron  peut  se  flatter  d'être  un  rude 
veinard. 

BOQUILLON. 

Je  le  crois  aussi...  mais  laissez-moi,  mon  garçon;  j'ai 
affaire. 

JOSEPH. 

Oui,  monsieur  le  baron...  Je  me  permettrai  seulement 
un  petit  conseil...  J'engage  monsieur  le  baron  à  brusquer... 
avec  ma4ame,  faut  brusquer... 

ROQUILLON. 

C'est  bien;  je  m'arrangerai  pour  cela. 

JOSEPH, 
le   me   retire. . .    (Eu   sonant, ,  il  rngarde  ce  qu'il  a  dans  sa 
main.)  Dix  francs!  c'est  un  rat!  (il  disparaît  par  le  balcon.) 

SCÈNE  VIII 
ROQUILLON,  seai,  puis  GROSLAIT. 

ROQUILLON. 

Avec  tout  ça,  j'y  suis  de  mes  dix  francs.  Je  les  retien- 
drai sur  la  dot...  (Apercevant  le  chapeau  de  Joseph.)  Tiens!  il  a 
oublié  son  chapeau.  (Le  prenant  et  allaat  à  la  fenêtre.)  Co- 
cher 1...  eh!  cocher!...  (il  se  penche  sur  le  balcon  pour  regar- 
der.) 
GROSLAIT,  revenant  par  la  droite.  Il  est  en  veston  .i  ai)partement. 

Il  va   à  la  cheminée,  se  regarde,  met  de  l  odeur   dans  son  moo' 

choir,  tout  en  chantonnant. 

Tultul  tul... 


LA   BOITE   A   BIBI  59 

ROQUILLON. 
Je  ne  le  vois  plus...  (ll  redescend.) 

GROS  LAIT,  l'aperceTant. 
Qu'est-ce  que  c'est  que  ça? 

noQi'iLLON,  k  part. 
Le  mari!...  fichtre!... 
GROS  LAIT,  regardant  le  ebapean  à  cocarde  qoe  lient  Roqaillon. 
Un  valet!... 

HOQOILLON. 

Valet!.,.  (A  part.)  Ah!  oui...  le  chapeau  de  l'autre,  (ii  le 
■et  tor  M  léle.) 

g:;oslait. 
Que  venez-vous  faire  ici? 

ROQUILLON   k   part. 

Si  je  pouvais  me  rappeler...  (imitant  Joseph.)  Chut!  chut! 
Je  suis  le  cocher  de  mademoiselle  Vërandah!... 

GBOSLAIT. 

Ah!  boni...  mais  ce  n'est  pas  une  raison  pour  vous 
introduire  chez  moi. 

ROQUILLON. 

Chut!  monsieur  le  baron  peut  se  flatter  d'être  un  rude 
veinard... 

GROSLAIT. 

Pourquoi? 

ROQUILLON. 

Les  barreaux...  zigl...  coupés! 

GROSLAIT. 

Abl  très-bien...  et  tu  venais  m'avertir... 

ROQUILLON. 

lilon  Dieu,  oui...  le  serrurier  vient  de  terminera  l'ins- 
tant... un  ivrogne...  comme  tous  ces  gens<là...  il  voulait 
absolument  demander  un  pourboire  à  M.  le  baron. 

GROSLAIT. 

Il  a  donc  compris  de  quoi  il  s'agissait  ? 


60  l'A   BOITE  A   BIBI 

ROQUILLON. 

Il  l'a  compris  tout  de  suite...  il  a  l'habitude... 

GROSLAIT. 

Et  il  voulait  me  faire  chanter  probablement. 

ROQUILLON. 

Je  le  crois...  entre  nous,  je  le  crois. 

GROSLAIT. 

Mais  tu  l'as  renvoyé...  il  est  parti...  ^ 

ROQUILLON. 

II  est  parti...  j'ai  eu  du  mal;  mais  il  est  parti. 

GROSLAIT. 

Je  vois  que  tu  es  intelligent...  voilà  pour  toi.  (il  loi 
donne  de  l'argent.) 

ROQUILLON,   avec  noblesse. 

De  l'argent!...  (Se  ravisant,  à  part.)  Si...  comme  domes- 
tique... (il  prend  l'argent  et  regarde.)  Un  louis!...  (A  part, 
gaiement.)  Tiens  1  je  gagne  dix  francs. 

GROSLAIT. 

Maintenant  tu  peux  t'en  aller...  (Foniliant  dans  sa  poche. y 
Ah!  attends,  tu  remettras  ceci  à  ta  maîtresse. 
ROQUILLON,  prenant  ce  qu'il  lai  donne. 

Une  clé? 

GROSLAIT. 

Oui,  c'est  la  clé  de  l'armoire,  (ii  la  montre.) 
ROQUILLON,  à  part,   sautant  de  joie. 
La  clé...  quelle  chance  ! 

GROSLAIT. 

Qu'est-ce  qu'il  te  prend  ? 

ROQUILLON. 

Rien! 

GROSLAIT,  le  poussant  dehors. 

Elle  saura  ce  que  ça  veut  dire.  —  Allons,  file. 

ROQUILLON. 

Ouif  monsieur  le  baron...  (Revenant.)  Âh  !  encore  un 


LA    BOTTE   A   filBI  61 

conseil...  Brusquez  1...  Madame  demande  à  être  brus- 
quée... 

GROSLAIT,    impatienté. 

C'est  bon,  ça  me  regarde...  file  I 

ROQUILION. 

Oui,  je  file...  Ah!  M.  le  brone  est  un  rude  veinard!  (ii 
disparaît  par  1«  balcon.) 

SCÈNE  IX 

GROSLAIT,  seni, 

il  a  raison,  je  suis  veinard  ;  mais  le  serrurier  m'inquiète 
(Apercerant  les  clés  de  Castegonl.)  Tiens!  ses  outils...  l'animal 
est  donc  venu  ici?...  décidément  il  veutme  faire  chanter... 
On  ne  peut  plus  tromper  tranquillement  sa  femme...  c'est 
désolant...  où  les  mettre?  (ll  les  jette  daos  le  cabinet,  premier 
plan  à  ganche.)  Pourvu  qu'il  ne  se  soit  pas  caché  quelque 
part!  (U  regarde  derrière  les  rideanx.) 

SCÈNE  X 

GROSLAIT,  HKNRIETTE. 

IIENRIETTE,  entrant  par  le  fonJ,  à  elK-mcme 
J'ai  pu  m'échapper  après  le  premier  acte...  Je  suis  d'une 
inquiétude...  (Apercerant  Croulait).  .Mon  mari! 

GROSLAIT. 

Ma  femme!  (Haat.)  Comment  !  déjà  de  retour,  chère 
amie?... 

nENRIETTE,  troublée. 

Oui...  une  migraine  subite...  mais  vous  m'avez  dit  que 
TOUS  alliez  au  cercle? 

GROSLAIT. 

J'en  arrive...  J'en  arrive  tout  droit...  Figure-toi  que 

4 


62  LA   BOITE   A    filBI 

j'avais  entamé  une  partie  de  billard  avec  Becdazur...  tu 
sais?  le  petit  vicomte...  les  trois  billes  étaient  collées  sur 
la  môme  bande...  c'est  un  coup  de  galerie; 

HENRIETTE,  distraite,  et  regardant  autoar  d'elle. 
Qu'est-ce  que  c'est  que  ça  ? 

GROSLAIT. 

Tu  vas  voir...  Impossible  de  jouer  autrement  que  de- 
vant le  dos...  en  officier...  je  me  cambre.,,  comme  ça... 
suis  bien!...  pour  piquer  ma  bille...  Vlan  !.,.  mon  pied 
glisse  sur  une  pelure  d'orange...  bref!...  je  casse  ma  bre- 
telle, je  crève  le  billard  et  je  me  donne  un  tour  de  reins... 
Voilà  ce  qu'on  appelle  un  coup  de  galerie... 

HENRIETTE,   viremeat. 

Un  tour  de  reins....  Mais,  mon  ami,  il  faut  vous  cou- 
cher tout  de  suite...  il  n'y  a  que  le  repos  qui  vous  re- 
mettra. 

GROSLAIT. 

C'est  comme  toi...  pour  la  migraine;  tu  sais  le  pro- 
verbe ?  il  faut  paître  ou  dormir...  Je  ne  veux  pas  t'en- 
voyer...  mais  va  dormir  1... 

HENRIETTE. 

Non,  je  ne  pourrais  pas...  Je  vais  me  mettre  là...  avec 
ce  journal...  en  attendant  que  le  sommeil  arrive...  (Elle 
s'assied  à  gauche.) 

GROSLAIT,   à  part. 

Sapristi!..  Elle  va  me  gêner  énormément...  Ah!  il  me 
vient  une  idée...  ça  me  réussit  toujours...  (u  remonte.) 

HENRIETTE. 

Vous  ne  me  dites  pas  bonsoir? 

GROSLAIT. 

Non...  je  vais  revenir...  une  petite  surprise...  Tu  ver- 
ras... je  vais  revenir...  (il  sort  par  le  fond  s  gauche.) 


LA   BOrT£   A    BIBI  63 

SCÈNE  XI 

HENRIETTE,  paU  ROQDILLON,  CASSEGODL 
et  ARTHUR. 

HENRIETTE,  dtant  rapidement  ;a  lortie  de  btl. 
Il  va  revenir!...  Que  veut-il  dire?...  et  ne  pas  savoir  ce 
qui  s'est  passé...  L'armoire  est  encore  fermée... 
ROQUILLON,  frappant  aaz  carreaux. 
Ouvrez!... 

HENRIETTE. 

Qui  est  là?  (OoTrant  la  feDêtre.)  Comment!  c'est  vous, 
monsieur!...  Arthur  est-il  délivré? 

HOQOILLON  . 

Pas  encore...  Si  vous  croyez  que  c'est  commode... 

HENRIETTE. 

Où  est  le  serrurier  ? 

ROQUILLOIf. 

Dans  le  placard.  (Allant  ouTrir  le  piacard.j  Sortez!... 
CASSEGOOL,  descendant. 

J'ai  la  pépie!...  (Apercerant  Henrieite.)  Tiens!  la  dame  au 
oracelet. 

HENRIETTE. 

Itfon  ami,  prenez  vite  vos  outils. 

CASSEGOOL. 

On  va  encore  crocheter... 

ROQUILLON. 

Non,  c'est  inutile...  j'ai  la  clé. 

HENRIETTE. 

La  clé...  comment? 

ROQUILLON. 

Je  vous  expliquerai...  Sauvons  d'abord  mon  gendre. 


64  LA    BOITE   A    BIBI 

HENRIETTE. 

Hâtez-vous  ! 

ROQUILION. 

La  force  me  manque...  Si  nous  n'allions  plus  retrouver 
qu'un  squelette!...  Il  y  a  au  moins  cinq  heures  qu'il  est 
là  dedans. 

CASSBGOUI.. 

Ah!  ben!  chez  nous  on  a  trouvé  une  fois  un  crapaud 
dans  une  pierre  d'avant  le  déluge...  il  était  très-bien 
portant. 

ROQUILLON. 
Ça  dépend  des  espèces...   (Mettant  la  clé  dans  la  serrure.) 
Madame,  fermez  les  yeux!...  (il  ouvre  l'armoire.  —  On  toU 
Arthur  accroupi  sur  une  planche.)  Vivant!...  mon  gendro!... 
ARTHDR. 
Beau-père!...  (ils  s'embrassent.) 

GASSEGOUL. 

Il  est  dégonflé  ! 

ROQUILLON. 

Je  n'ai  plus  de  jambes. 

ARTHUR. 

El  moi  donc!...  Quatre  heures  de  faction. 

-ROQUILLON. 

Et  pas  d'oxygène!...  Allons,  venez. 

ARTHUR. 
Je  vous  suis .  (Prenant  un  paquet  de  lettres  dans  sa  poche  et 
le  donnant  à  Henriette.)  Mais,  avant,  madame,  reprenez  ces 
lettres  que  vous  m'avez  réclamées  avec  tant  de  dureté. 

HENRIETTE. 

Il  vous  sied  bien,  monsieur,  de  me  faire  des  reproches. 

(Elle  remonte.) 

ROQUILLON. 

Oh!  pas  de  scène!...  Venez- vous... 

ARTHUR. 
Oui.  (ils  remontent.) 


LA    BOITE   A    BIBI  65 

HENRIETTE,  à  la  norte  dn  (bn.l. 
Il  est  troj.  tard...  Voilà  mon  mari!...  Cachez-vous! 

CASSEGOUL. 

Encore!... 

HENRIEtTB. 

Vite!...  vite!...  au  nom  du  ciel!... 

TOUS. 
Disparaissons  !...  (CasseKoal  se  cache  derrière  la  portière  de 
(anrb»,  Roqnilloo  dans  l'armoire,  Artlior  dans  le  placard.) 
HENRIETTE,  Toyant  entrer  Grotlait,  à  part. 
Il  était  temps! 

SCÈNE  XII 

HENRIETTE,  Les  trois  Hommes  caches,  GROSLAIT 

et  FLORINE,  apportant  one  table  servie  do  Champagne. 
HENRIETTE,   à  part. 

Ah!  ces  maudites  lettres...  où  les  cacher?...  (Elle  prend 
Tirement  an  journal  et  les  cache  dedans.) 

GROSLAIT,   à  part. 

Voiîà  mon  idée.  (H»nt  )  Tiens!  tu  lis  le  journal...  laisse 
donc  ça...  La  politique  ne  regarde  pas  les.femmes...  (il  va 

porter  le  journal  sor  la  cheminée.) 

HENRIETTE,  cherchant  k  se  remettre. 
Qu'apportez-vous  donc  iè? 

GROSLAIT. 

Une  surprise!...  J'ai  été  réveiller  Florine  ;  nous  avons 
organisé  ça. 

HENRIETTE,  arw  effroi. 
Tous  allez  manger  ici? 

GROSLAIT. 

Je  te  dis  que  c'est  une  surprise.  Florine,  remettez  une 
bonne  bûche. 

4. 


ce  LA   BOITE   A  BIBI 

FLORINE,  arrangeant  le  feo. 
Oui,  monsieur! 

GROSLAIT,  à  part. 

J'ai  remarqué  une  chose.  Quand  je  dis  des  douceurs  à 
ma  femme,  elle  bâille...  si  je  l'embrasse,  elle  dort.  Je  vais 
l'endormir... 

FLORINE,  à  part,   regardant  le  placard. 
.    Et  Cassegoul  qui  est  toujours  là!    Si  je  pouvais...  (Elle 
va  oarrir  doucemeat  le  placard.) 

HENRIETTE,  à  part,  l'observant. 
Que  fail-elle? 

FLORINE,  apercevant  Arthur. 
Ah!...  (Elle  referme  riveraeni  la  poilo.) 
GROSLAIT. 

Quoi? 

Rieii,  monsieur. 
xSortez!... 

FLORINE. 

Oui,  madame...  (£■  sortant.)  En  v'ià  une  affaire!...  C'est 
celui  à  madame  î  (Elle  disparaît  par  le  fond.) 
HENRIETTE,  à  part. 

Queilo  leçon  I...  (Kani.)  Me  direi-vous  maintenant  ce 
que  cela  signifie  ? 

GMOSLAIT,  très-aimable. 
ïu  ne  devines  pas  ? 

HENRIETTE,  cerveos*. 

J«^  ne  suis  pas  en  train  do  deviner. 

GROSLAIT. 

Quelle  date  sommes-nous  aujourd'hui? 

HENRiETTK. 

Le  â6  mars. 


FLOKJNE. 
HENRIETTE. 


LA   BOITE  A  BIBI  67 

GROSLAIT. 

L'anniversaire  de  notre  mariage.  Il  y  a  juste  cinq  ans 
que  tu  fis  de  moi  le  plus  heureux  des  hommes. 
HENRIETTE,  baDMaot  let  épaalM. 
Eh  bien  ? 

GROSLAIT. 

Eh  bien  !  tu  sais  que  je  ne  laisse  jamais  passer  cet  an- 
niversaire sans  le  célébrer. 

HENRIETTE,   à  part. 

Ah!  mon  Dieu!  il  m'effraye!    (uaat.)  Hippolyte,  vous 
n'y  pensez  pas...  et  votre  tour  de  reins... 
ftROSLAIT,  trè«-aimable. 

Près  de  toi,  je  l'oublie...  Elle  est  si  jolie,  ma  Louloute... 
Laigae-moi  te  retirer  ce  collier  qui  te  gâne.  eu  détache  les 
booeies  d'oreilles  et  le  collier.)  Tu  es  encore  bien  plus  gentille 
sans  rien...  (Il  Ta  à  la  chemiDée  et,  en  remettant  les  bijoux  dans 
l'écriD,  il  fait  tomber  le  journal  et  les  lettres.  —  A  part.)  Tiens!  les 
lettres  de  Vérandab...  Je  croyais  les  avoir  mises  dans  ma 
poche...  où  avais-je  la  tète  ?  (Ii  les  met  mement  dans  tapocbe.) 
ROQUiLLON,  dans  l'armoire,    passant  la  tète  et  voyant  ce  jeu  de 

Les  lettres  de  sa  femme  !...  Il  les  met  dans  sa  poche!... 

CASSEGOUL,  passant  sa  t£te. 
J'ai  soif  I ...  (Koqnillon  et  Arthur  tortcot  on  peo  de  leur  cachette 
et  lai  font  sit;n«  de  rentrer.) 

HENRIETTE,  effrayée. 
Ohl 

GROSLAIT,  reTenaat  et  prenant  la  taille  de  sa  femme. 
Quoi  ?.  • .  (Lee  trois  hommes  ae  cachent.  ) 

HENRIETTE,  virameat. 
Cest  ma  migraine. 

GROSLAIT. 

Pauvre  chérie  I... 


68  LA  BOITE  A  BIBI 

HENRIETTE,   à  part. 

Quelle  position  !  (Haut.)  Vous  allez  vous  agiler,  et  vous 
ne  pourrez  plus  dormir. 

GROSLAIT. 

Ça  m'est  égal...  aujourd'hui  !.,. 

BENRIETTB. 

Vous  feriez  bien  mieux  de  prend/e  votre  pollen  au 
laudanum...  Je  vais  vous  la  préparer. 

GROSLAIT. 

Mais  non... 

HENRIETTE,  préparant  un  Terre  d'eao, 
d'an  air  très-aimable. 
Si,  je  le  veux!...  (EUevaà  la  toilette  et  prend  un  petit  flacon.) 
GROSLAIT. 

Tu  sais...  six  gouttes...  pas  plus. 

HENRIETTE. 
Oui...  (Elle  verse  le  contenu  dn  flacon  dans  le  verre,   à  part.) 
Vingt  gouttes...  avec  ça,  il  dormira.  (Lui  présentant  le  verre.) 
Tenez!... 

GROSLAIT,  prenant  le  verre. 
Tu  veux,  méchante!   (a  part.)    Plus  souvent   que  je 
boirai  !  (Haut.)  Eh  bien!  tout  à  l'heure,  (ji  pose  le  verre  sur  le 
petit  guéridon  de  gauche.)  Te  rappelles-tu  le  jour  de  notre  ma- 
riage?... comme  on  s'est  embêté!...  Je  n'ai  jamais  vu  une 
noce  où  on  s'est  tant  embêté...  mais  par  exemple,  quand 
on  nous  a  laissés  seuls,  j'ai  joliment  ri...  Tu  étais  drôle.. 
tu  criais  :  maman I...  maman  1  Alors,  moi... 
LES  TROIS  HOMMES,  cachés,  répétant. 
Maman!...  maman  1... 

GROSLAIT,  à  Henriette. 
Comment,  encore  ! . . . 

HENRIETTE,  inquiète. 

Il  est  inutile  de  rappeler  cela. 


LA    BOITE   A   BIBI  69 

GROSLAIT. 

Ne  sommes-nous  pas  seuls  ? 

HENhIETTB,  mement. 

Certaioemenl. ..  bien  seuls...  mais  je  tombe  de  sommeil 
maintenant. 

GROSLAIT,   à  part. 

Je  savais  bien  que  je  l'endormirais...  Brusquons! 
HENRIETTE,  à  part. 

Quel  supplice  !  (Hant,  d'on  toji  soppiiaDt.)  Hippolvte  ! 
GROSLAIT,  l'asseyant  snr  le  divan  et  j  faisant  asseoir 
Henriette. 
Non...  non...  c'est  l'anniversaire  !...    ii  l'embrasse.   A  co 
moment  Cassegoal  passe  le  bras  k  travers  le  lideau  et  prend  le  Terre 
qni  est  sur  le  guéridon,   à  sa  portée.  Groslaii  l'aperçoit  et  s'arrête,  à 
part,  en  se  lerant.)  Hein!...   uobras!...    (Caesegoal  repose  le 
verre.) 

HENRIETTE,   à  part. 

Oh!!! 

GROSLAIT,  à  lai-mème. 
C'est  le  serrurier!...  Il  n'était  pas  partit... 

HENRIETTE,  très-émoe. 
Qu'y  a-t-il,  mon  ami  ? 

GROSLAIT. 

Rien! 

HENRIETTE,  à  part. 

J'ai  cru  qu'il  l'avait  vu  !...  (Brait  de  sonnette.) 

HENRIETTE. 

On  sonne  I 

GROSLAIT. 

A  cette  heure-ci...  c'est  singulier  l 
FLORINE,   entrant. 
C'est  une  bonne  qui  voudrait  parler  à  monsieur! 

GROSLAIT. 

A  moi  T.. . 


70  U    BOITE   A    BIBI 

FLORINE. 

Elle  dit  que  c'est  très-pressé. 

HENRIETTE. 

Il  faut  voir  ce  que  c'est,  mon  ami. 

GROS  LAIT,  hésitant. 

C'est  que...  Oui...  oui...  j'y  vais...  (ii  sort  par  le  fondsnivi 
deFlorine.) 

SCÈNE  XIII 

HENRIETTE,  ROQUILLON,  ARTHUR,  pois  CASSEGOUL. 

A  peine  est-il  sorti  que  Roqnillon  et  Artbnr  se  précipitent  en  scène. 

ARTHUR. 

Vite,  filons!... 

ROQUILLON. 
Oui...  (Il  remonte.) 

ARTHUR,  le  retenant. 
Attendez  ! . , .  et  le  serrurier. . . 

ROQUILLON. 

C'est  vrai,  nous  ne  pouvons  pas  partir  sans  «lui.  (Allant 
an  rideau.)  En  route,  Cassegoul  !...  (H  tire  le  rideau.  Cassegoul 
tombe. sur  lui.)  Eh  bien,  qu'est-ce  qu'il  y  a? 

ARTHUR. 

Il  dort. 

HENRIETTE,  prenant  le  verre. 
Ahj  mon  Dieu!  il  a  bu  la  potion...  vingt  gouttes  d'o- 
pium. 

ROQUILLON. 

Grediri  d'ivrogne!...  (Le  secouant.)  Veux-tu  te  réveiller  ! 
(Cassegoul  ronfle.) 

ROQUILLON,  rêvant. 

Mon  sac...  ton  amour  pour  mon  sac!... 


LA  BOITE  À  filBI  71 

BOQUILLON. 

?eax*ta  te  taire...  scélérat  ! 

ARTHOR. 

Qu'est-ce  que  nous  allons  en  faire? 
ROQUILLON,  avee  lorea. 
Il  faut  qu'il  disparaisse. 

HENRIETTE. 

Comment  ? 

ROQUILLON4 
De  rénergie! ...  pas  de  demi-me.<:ure8 1  Jetons-ie  par  la 
fenôtrel 

HENRIETTE,  effrayée. 

Ohl 

ROQUILLON. 

La  nuit  est  noire...  ça  ne  se  remarquera  pas.  (u  prend 
Ceesegoal  par  les  épaales.) 

ARTHUR,  le  prenant  par  les  piedi. 
Non...  c'est  trop  énergique  I 

HENRIETTE,  qai  est  remoDtJe. 
Mon  mari!...  il  revient! 

ROQUILLON  et  ARTHUR. 
Ah  !{lU  licbeat  Cassegoal,  qoi  tombe  ao  miliea  du  théâtre  ea 
boagODoaot.) 

HENRIETTE. 

Tirez  la  table  dessus. 

ROQUILLON. 
Oui...  (lit  tirent  la  table  'I    <  f-o  à  ce  qoe  Gaeiegoal  soit  caché 
deaioiu,  étenda  les  pieds  du  c6ié  da  public.) 

HENRIETTR,   an  fond. 

Le  voilà!... 

ROQUILLON   et  ARTHUR. 

QufcMe  nuit!...  Quello   nuit!...  (Kuquiiioa  to   «aufe  «or  la 
balcon,  Artbu*  t'accroopit  derrière  l'écran.) 


72  LA   COITE   A    BIBt 

SCÈNE  XIV 
Les  Mèmks,  GROSLAIT,  FLORINE. 

GROSLAIT,  entrant  une  lettre  à  la  main^  saivi  dei  Florine» 
A  table  1...  Florine  va  nous  servir. 

HENRIETTE,  très-lroublée. 
Oui,  mon  ami...  à   table!...  (Elle  se  laisse  tomber  sur  un 
fauteuil  à  droite  de  la  table.  —  Florine  va  prendre  un  coussin,  qu'elle 
lui  met  derrière  le  dos.) 

GROSLAIT,  à  part. 

La  voilà  réveillée...  il  n'y  a  plus  que  le  Champagne.  (En 
passant  près  du  rideau,  il  donne  un  coup  de  poing  dedans;  —  à  demi- 
voix.)  Ne  bouge  pas...  toi!...  (a  part.)   Tiens!  il  n'y  est 

plus. 

FLORINS,  an  fond,  apercevant  Cassegool. 

Ah!  (A  part.)Cassegoul! 

GROSLAIT,  tombant  assis  à  gancbe  de  la  table. 

Quoi  ? 

FLORINE- 

Rien,  monsieur. 

GROSLAIT. 

Que  cette  fille  est  ridicule  avec  ses  exclamations. 

FLORINE,    à  part. 
Pauvre  garçon  !  lui  qui  n'aime  pas  à  avoir  la  tète  basse. 
(Elle  reprend  le  coussin  d'Henriette  et  le  glisse  sous  la  tête  de  Gas- 

BCgoul.) 

GROSLAIT,  à  part. 

Où  est-il  passé?  (Haut  à  Henriette.) C'est  gentil,  de  souper 
comme  ça.  (n  sert.) 

HENRIETTE,  cherchant  à  se  remettre. 
Très-gentil...  Qui  est-ce  qui  te  demandait? 

GROSLAIT. 

Tune  devinerais  jamais...   Figure-toi...  fli  aoerçoii  lei 


LA    BO  Tiî   A   Blfil  73 

piods  de  Câwjooi.  —  A  p»rt.)  H  est  là-dessous,  l'ivrogne! 

HENRIETTE. 

Hé  bien  ?...  (\  part,  rf gardant  de  cdté.)  Les  pieds  passent  ! 
(Elle  cire  doucement  la  nappe  en  araot.) 
GROSLAIT. 

Figure-toi...  (a  part.) Si  je  pouvais  cacher...  (Même  jeu 
qn'Henrietie.  —  Hani.)  Figure- toi  que  c'est  madame  Ro- 
quillon,  la  belle-mère  d'Arthur... 

HENRIETTE,  même  jea  tont  en  parlant. 

Mais  elle  ne  vous  connaît  pas. 

GBOSLAIT,  même  jeu. 

Ça  ne  fait  rien...  Il  paraît  qu'elle  ne  sait  pas  ce  qu'est 
devenu  son  mari,  ni  son  gendre...  On  les  cherche  partout. 
Alors  elle  me  faisait  demander  s'ils  ne  seraient  pas  ici... 
par  hasard. 

HENRIETTE,  riant  nerreasemeot. 
Quelle  idée!...  Tu  as  répondu  que  non. 

GROSLAIT. 
Bien  entendu.  (La  nappe  eu  tonte  tirée  eo  arant  et  lâs  objet» 
qni  sont  deuns  sont  sur  le  point  de  tomber.) 

FLORINE,  au  fond,  à  part. 
On  voit  la  léte.  (Elle  tire  la  nappe  en  arrière.)  i 

GROLAIT,  à  part. 

Bète  de  fille! 

HENRIETTE,  à  part. 
De  quoi  se  mèle-t-elle  ?  (Bmll  de  ploie  au   dehors.) 
GROSLAIT. 

Tiens I  la  pluie...  c'est  getiiil  ^ie  souper  comme  ça... 
Du  Champagne,  Florine  1 

FLORI-     . 

Oui,  monsieur.  (Elle  sort.) 

ARTHOR,  derri«'«  l'écran. 
Quelfeul...  je  cuis... 


74  LA.    BOITE  A   BIBI 

ROQUILLON,  à  la  fenêtre. 

Il  pleut  à  verse...  je  gèle.  (lU  se  mettent  tous  deux  à  qaatre 
pattes  et  se  rencontrent  au  milieu  du  théâtre  au  fond,   puis  se  cachent 
sous  la  toileite,  dont  ils  referment  les  rideaux.^ 
HENRIETTE,  qui  a  suivi  ce  jeu  de  scène  avec  effroi.  —  A  part. 

Mais  qu'est-ce  qu'ils  font  ? 

GROSLAIT. 

C'est  drôle,  c^s  deux  hommes  qui  disparaissent  un  jour 
de  contrat...  pas  de  futur...  c'est  drôle  !...  Vatel  s'est 
tué  pour  moins  que  ça. 

FLORINE,  revenant. 
Monsieur,  voilà  le   Champagne.  (Cassegoui  ronfle  sous  la 
table.) 

GROSLAIT,  HENRIETTE  el  FLORINE  effrayés,    à  part. 
Oh  I...  (Pour  masquer  lo  bruit,  Groslait  chante  en  tapaot  sur  son 
verre,  îienri&tte  tousse  et  Florine  secoue  une  pile  d'assiettes.) 
GROSLAIT,  donnant  un  coup  de  pied  sous  la  table. 
Te  tairas-tu,  sac  à  vin  1  (Le  bruit  cesse.) 

HENRIETTE,  à  part. 
Il    y    a   de  quel  mourir!    (On    entend  sous  la  toilette  un  bruit 
de  porcelaine  brisée.  —  Roquillon  et  Arthur  passent  kurs  têtes  par  les 
trous  des  cuvettes  de  la  toilette.) 

ARTHUR,  bas  à  Roquillon. 
Beau-père,  qu'est-ce  que  vous  avez  donc  cassé  là-dedans  ? 

ROQUILLON. 

Je  ne  sais  pas...  mais  c'est  bien  humide,  (il  éternue.  — 
Ils  disparaissent.) 

GROSLAIT,  à  part,  regardant  sa  femme. 
Elle  ne  dort  pas  du  tout.  .  Il  faut  en  unir. 

HENRIETTli,  à  part. 

CiOmment  l'éloigner  ? 

GROSLAIT. 

Dis  donc,  ma  louloute  !...  Si,  pour  terminer  la  soirée» 
nous  faisions  un  petit  jaquet  ? 


LA    BOITE    A    BIBI  f^ 

BENBIBTTB,  fiTameiit. 


ie  veux  bien. 


ABTHUR,   passant    la  téta. 
Est-ce  qu'Us  vont  rester  là  toute  la  nuit? 

ROQUILLON,  mémejea. 
Je  m'enrhume  (le  plus  en  plus,  (il  étemne.) 

HENRIETTE,  à  Groilail. 

Va  chercher  la  boite. 

GROSLAIT. 

Non,  toi...  mon  tour  de  reins  me  reprend. 

HENRIETTE. 

Et  moi,  ma  migraine... 

GROSLAIT,  avec   colire. 
C'est  unparii  pris  de  ne  rien  faire  pour  moi  aujourd'hui. 
(Il  tapfl  sur  la  table.  CaiMgoul  pousse  uo  géffllssemeni.) 
HENRIETTE,  effrayée. 

J'y    vais   mon  ami,  j'y  vais...  (a  pari  eo   soriani)  Ah! 
quelle  nuit  !  (Elle  disparaît  par  la  gaocbe,  premier  plan.) 

SCÈNE  XV 

LbS  MÊMES,  moins  HENRIETTE. 

GROSLAIT,  meraeol,  à  Florine. 
A  nous  deux  maintenant  I  Prends  celle  table.  (Lai  mon' 
traat  Cassegooi.)  Tu  vois  cet  homme? 

FLORINE,  plearanl. 

Monsieur,  ce  n'est  pas  de  ma  Taule. 

6R0SLA1T. 

Malheureusement!  Mais,  si  tu  dis  un  mot  à  ma  femme, 
je  t'étrangle. 

FLORINS,  à  part. 

Il  e6t  foui 


76  LA  BOITE   A   BIBI 

GROSLAIT. 

Aide-moi. 

FLORINE. 
Oui,  monsieur.    (Elle  prend  Cassegoul  sons  les  épanles  ) 

GROSLAIT. 
Enlevons!  (lis  sonlèveat  Cassegool.) 

HENRIETTE,    en    dehors. 

Florine! 

FLORINS. 
Madame  m'appelle.  (Elle  lâche  Cassegoal,  qai  tombe  assi;     . 

le  fantenil.) 

GROSLAIT. 

Vas-y...  non,   n'y  vas  pas  !    (Voyant  revenir  Henriette,  il  î^iii 

vivement   asseoir  Florine   sur  Cassegoul,    de  manière  à  le   cafhor.j 

Reste  làl 

SCÈNE  XVI 

Les  Mêmes,  HENRIETTE. 

HENRIETTE,  paraissant  à  gaaeb». 
Florine!...  Comment!...  assise? 

GROSLAIT. 

Elle  a  une  faiblesse  dans  lesjambes...  Je  lui  ai  permi?.  . 
elle  n'a  pas  les  jambes  fortes. 

HENRIETTE. 

J'ai  besoin  d'elle  pour  porter  la  boîte;  c'est  trop  lourd. 

GROSLAIT. 

Je  vais  avec  toi...  ça  me  fera  du  bien...  Il  me  faut  de 
l'exercice. 

HENRIETTE. 

Comme  vous  voudrez...  (Elle  aisparatt.) 
GROSLAIT,  bas  à  Florine. 
Fourre-le  dans  le  canapé,  ou  je  t'assassine!  (il  sort  ior- 
rière  Heoriett«i) 


LA    BOITE   A    BIBl  ^^ 

SCÈNE  XVII 
RORINE,  ROQUILI.ON,  ARTHUR,  CASSEGOUL. 

PLORINE,    ooTrant   le   canapé. 

Pans  le  canapé...  je  ne  pourrai  jamais!  (Elle  essaie  de  »ou- 

ierer  Cassegoal. 

ROQUILLON  et  ARTHOB,   sortant  de  lenr  cachette. 

Elle  est  seule...  à  nous... 
VLOBINE,  stnpéfaile,  laissant  retomber  Cassegonl  sur  le  fanlenil. 
Ah!  d'où  sorlenl-ils? 

ROQOILLON. 
Mience!   où  tu   es  morte!...   (Lui   montrant   les  jambes   de 
a.8«<.ai.)  Empoigne-le,  par  les  brancards...  (11$  saisissent 
iM»  trois  Casaegool.  On  entend  une  musique  de  danae.) 
ARTHUR. 

OÙ  le  conduisons-DOus? 

ROQIJILLON. 

Par  le  balcon...  chez  la  voisine.  Je  connais  une  issue. 

ARTHUR. 

Chez  Vérandah?...  mais  on  y  danse. 

ROQUILLON. 
li   passera  pour  un  invité.  (lU  oat   roolé  Cauegonl  sur  le 
ftilcon.; 

ARTHUR,   revenant. 
Il  lui  faudrait  un  habit. 

FLORINS,  désignant  l'habit  de  Gcoilait,  «nr    nne  chaise. 
Kn  voici  un. 
A  iTHUR,   prenant  l'habit   et  le  jetant  .=\   Florine,  qui   le    rejelU  h 
Roqaiilon  sar  le  balcon. 
Voilà! 

BOQUILI^N. 

:   >  irilett... 


7d  LA    BOITE   A    BIBI 

FLORINB. 

Dans  le  canapé! 

ARTHUR. 

Bon!  (il  oarre  le  divan,   y  prend   an  gilet  qu'il  jette  à  Roqnll- 
lon.) 

ROQUILLON. 

Un  pantalon  ? 

ARTHUR. 

Attendez!...  (il  se  penche  dans  le  canapé  pour  chercher.) 
HENRIETTE,  reparaissant  à  la  porte  de  ganche,  d'une  voix 

haletante. 
Mon  mari  ! 

FLORINE. 
Ah!  (Elle  fait  basculer  Arthur  dans  le  divan,  referme  le  couvercle, 
et  s'assied  dessus.  Roquillon  tire  la  fenêtre  à  lui  et  disparait.) 

SCÈNE  XVIII 
GROSLAIT,  HENRIETTE,  FLORINE. 

6P.0SLAIT,  apportant  an  trictrac. 
Voilà!  (Apercevant  Florine.)  Tiens!...  assise?... 

HENRIELTE,   vivement. 
Je  lui  ai  permis...  elle  n'a  pas  les  jambes  fortes. 

GROSLAIT. 

Qu'elle  aille  se  coucher.  (Fioriae  §e  lève,  bas.)  Y  est-il? 
FLORINE,   bas. 

11  y  est!... 

GROSLAIT. 

Bon!...  (Haut.)  Va... 

FLORINT,  à  part. 
Et  ce  pauvre  Cassegoul,  qu'est-ce  qu'il  devient?  Ah  I  il 
faut  que  je  sache...  (Elle  disparait  par  la  fenêtre.) 


LA  BOITE   A  BIBI  70 

OMOSLAIT,   l'aMejant  sar  le  difao,   où   il  a  posé  le  trie-trac;  à 
Henriette. 
Donne  moi  le  journal...  pour  caler  la  boite. 

HB.NRIETTK,  allant  à  la  cbemiDée. 

Oui,  mon  ami... 

GBOSLAIT. 

Là  bas.  (a  pan)  Que  diable  est  devenu  Arthur? 

HENRIETTr^   à  pari. 
S'il  savait  qu'il  est  assis  dessus  ! 

GBOSLAIT. 

Eh  bien!  ce  journal? 

HENRIETTE,  le  prenant. 
Voilà!...    (a   part,   arec   stnpear.)  Ah!  les  lettres  n'y  sont 
plus. 

GBOSLAIT. 

Viens  donc  jouer  t.. . 


ACTE   TROISIÈME 

CHEZ   VKBAKDitH 

Cta  salon.  —  Dans  le  pan  coupé  de  droite,  une  porte  donnant  sur  d'aa- 
tres  salons.  —  Dans  le  pan  coupé  de  gauche,  la  porte  d'entrée.  —  A 
{gauche,  premier  plan,  une  porte;  au  deuxième  pian  une  fenêtre.  —  A 
droit,,  premier  plan,  une  porte;  au  deuxième  plan,  un  buffet-étagère 
.<!nr  lequel  sont  des  iissieites  charpécs  de  petiis  fours  et  de  sirops. — 
An  fond,  nne  cheminée,  avec  glace  sans  tain.  —  Au  miliea  de  la 
ft)..i  une  petite  table.  Fauteuils,  chaises,  etc. 


SCÈNE  PREMIÈRE 
ROQUILLON,  CASSEGOUL  endormi,  FLORINE. 

An  l<  vi:r  du  rideau,  Roquilloii  et  Fîorine  entrent  par  la  fenêtre,  ponssant 
devant  eux  le  fautenil  dans  lequel  Cassegoul  est  endojmi. 

ROQUILLON. 

Nous  sommes  chez  Vérandah? 

FLORINE,  poussant  Cassegoul. 
Oui,  monsieur... 

ROQUILLON*,  même  jeu. 
Ce  serrurier  a  le  sommeil  lourd...  Où  allons-nous  le 
mettre?... 

FLORINS. 

Devant  la  table. 


LA    BOITK    A    BlU  81 

ROQUILLON. 

Oui...  on  le  prendra  pour  un  invité...  (ik  placent  CaiseKoal 
deraot  la  ubie.)  Passe-moi  un  veire  et  des  gâteaux. 
FLORINS,  allant  an  bnffet. 
Oui,  monsieur...  (Elle  apporte  les  objets  demandés  et  les  donna 
k  Roqoillou,  qui  lea  place  devant  Cassegool.) 
ROQUILLON. 

Là!...  Donnons  lui  maintenant  une  pose  naturelle...  (n 
ni  met  an  gâteau  et  un  verre  dans  les  mains.—  Le  wgardaLi.)  11  d 
bien  l'air  d'un  invité... 

PLORINB. 

Pas  trop  propre,  par  exemple... 

ROQUILLON. 

C'est  vrai...  Si  on  pouvait  lui  donner  un  coup  de  brosse.. 
OÙ  mettent-ils  les  brosses,  dans  ce  pays-ci?...  (Fouillant  dans 
1»  buffet.)  Ah!  en  voici  une....  (il  bro5se  Cassegonl.)  Làl... 
FLORINS. 

Âh!  cette  pauvre  madame!...  Quelle  nuitl...  quelle 
nuit!... 

ROQUILLON. 

Et  ce  n'est  pas  fini...  Son  mari  qui  a  trouvé  ses  lettres 
sur  )a  cheminée... 

FLORINS. 

Des  lettres!... 

ROQUILLON. 

Je  l'ai  vu  de  mon  armoire... 

PLOaiNB. 

Il  faut  la  prévenir. 

ROQUILLON. 

Oui,  tu  as  raison...  deux  lignes  au  crayon,  (ii  prend  dmt 
u  poche  un  curoet  et  écrii  vivpment.^  «  Madame,  votre  mari  a 
»  vos  lettres  dans  sa  poche.  Prôad*  i^aide  aux  coups  dn 
»  corow...  * 

8. 


82  LA    BOITE    A    BIBI 

FLORINE. 

C'est  qu'il  est  brutal,  monsieur. 

ROQUILLON,  déchirant  le  feuillet  et  le  donnant  à  Florine. 
Remets  ça  à  ta  maîtresse...  adroitement...  si  tu  peux. 

FLORINE. 
Oui,  monsieur.  (Elle  son  par  le  balcon.) 
ROQUILLON. 

^a!...  (A  lui-même,)  J'ai  fait  mon  devoir...  Je  puis  rentrer 
dans  ma  famille  le  front  haut...  Mais  que  doit  dire  ma 
femme?...  et  ma  fille!...  et  le  notaire!...  Si  je  leur  portais 
quelques  petits  fours?...  ils  verront  que  j'ai  pensai  à  eux... 
Oui  !  (U  bourre  ses  poches  de  gâteaux.) 

CASSEGOUL,  rêvant. 

J'ai  soif...  j'ai  la  pépie... 

ROQUILLON. 

On  dirait  qu'il  va  se  réveiller...  Ah!  ma  foi  !  tant  pis  ! 
Arthur  me  rejoindra...  je  file  à  la  maison...  (il  sort  par  le  fond 
à  gauche.  —  Pendant  les  dernières  répliques,  un  quadrille  s'est  formé 
dans  le  salon  dn  fond.  —  On  danse.) 

SCÈNE  II 
CASSEGOUL,  VÉRANDAH    JOSEPH. 

CASSEGOUL,  seul,  se  réveillant  peu  à  peu. 
Hein!...  oîisqueje  suis?...  des  dorures...  des  bougies... 
des  fauteuils  élastiques...  et  de  la  consommation  plein  les 
mains...  (il  goûte.)  pas  mauvais...  (Se  levant  et  regardant  an 
fond.)  On  gigotte  par  là...  c'est  un  bal...  Mais  qu'est-ce 
qui  m'a  conduit  ici?...  c'est  une  féerie...  Allons,  boni...  on 
m'a  rogné  ma  redingote  !  C'est-il  drôle,  tout  ce  qui  m'ar- 
rive  ce  soir!... 

VÉRANDAH,  entrant  avec  Joseph. 

Joseph!...  rangez  tout  cela  et  passez  des  rafraichisse- 
ments  par  là... 


LA    BOITE    A    BTBf  83 

JOSEPH,  eoleraot  tout  ce  ']ai  est  sxu  U  tabla. 
Oui,  madame...  (il  sort.) 

CASSEGOUL,  à  part. 
Marne  Yërandab!...  alors,  je  suis  chez  elle... 

VÉRANDAB,  k  part. 
Ce  pauvre  Arthur  !...  doit  il  s'ennuyer  dans  sa  petite 
armoire  ! 

CASSBGOin.,  k  part. 
Elle  m'attend...  elle  me  désire.  (s'aTancaoï.)  C'est  moi... 
vol'santë  est  bonne  ? 

VÉRANDAH. 

Le  serrurier  !...  Eh  bien  !  vous  arrivez  à  une  belle 
heure... 

CASSEGOUL. 

Ne  m'en  parlez  pas...  il  m'est  survenu  des  histoires.... 
Bn6n,  je  vous  avais  promis  de  venir...  me  v' là...  et  d'atta- 
que.... 

VÉRANDAS. 

Trop  tard,  mon  ami  ;  j'en  ai  pris  un  autre... 

CASSEGOUL. 

Comment!  un  autre?...  Mais  puisque  j'ai  fait  tout  ce  que 
m'a  dit  votre  domestique...  j'ai  soufflé  dans  la  serrure, 
j'ai  ouvert  l'armoire. 

VÉRANDAH. 

Quelle  armoire  ?. . . 

CASSEGOUL. 

Eh  bien  !  la  botte  à  Bibi...  où  était  le  jeune  homme, 
qui  manquait  de  gaz... 

VICRANDAU. 

Arthur  I... 

CAMBOOUL. 

Mais  oui. 

VÉaANOAH. 

Alors,  il  est  libre  ? 


84  LA  BOITE  A  BIBI 

CA.-SKGOUr.. 

Ah  !  je  te  crois  !  Comme   l'oiseau   du  bocage....  donc 
que  j'ai  droit  à  la  récompense...  (il  se  met  à  genoux.) 

VÉRANDAil,   lo  faisant   tomber  avec  colère. 

Imbécile  I  un  plan  si  bien  combiné...  ah  !  comme  il  doit 
rire... 

CASSEGOUL,  à  part. 

Mais  qu'est-ce  qu'elle  a?...  c'est  une  lubie... 

SCENE  m 
Les  Mêmes,  AKTHUR. 

ARTHUR,  entrant  par  le  balcon. 

J'ai  pu  sortir  enfin  de  mon  coffre...  le  beau  père  doit 

ni'altendre.  (il  remonte  un  peu.) 

CASSEGOUL. 

Alors,  je  m'en  vas. 

VÉRANDAH,  apercevant  Arthur. 
Lui  !...  (Bas  à  Cassegoul.)  Non,  restez  !    (Elle  le  fait  asseoir 
et  se  met  deTant  lui  pour  le  masquer.) 

CASSEGOUL,  bas. 

Alors,  c'est  changé? 

VÉRANDAH,  impériensement. 
Restez  ! 

ARTHUR,  descendant  sans  la  voir. 

Je  ne  l'aperçois  pas...  ma  foi!...  (il  va  pour  sortir.) 

VÉRANDAH,  à  Arthur. 

Bonsoir,  mon  cher. 

ARTHUR,  contraria. 
Vérandah  I 

VERANDAH. 

C'est  bien  gentil  à  toi  d'être  venu. 

AnXHUR. 

N'est-ce  pas  ? 


LA    BOITE   A    BIBI  89 

CASSSEGOUL,  à  part. 
J'ai  la  pëpie.. .  (ll  te  lève  et  Ta  aa  buffet,  on  il  se  met  k  boire 
•t  à  manger.) 

ARTHUR. 

Par  malheur,  je  ne  resterai  pas   longtemps...  j'ai  af- 
faire... 

VÉRANDAH,  à  demi-Toix. 
Voyons!...  sois  gentil,  reste.  Je  renverrai  mes  invités  le 
plus  tôt  possible,  et  nous  prendrons  une  tasse  de  thé...  Tu 
sais  comme  je  le  fais  bon... 

ARTHUR. 

Non...  Il  faut  que  je  m'en  aille. 

VÉRANDAH. 

Je  te  dis  que  tu  ne  partiras  pas.  Je  ne  veux  pas  que  tu 
te  maries. 

ARTHUR. 

Permets-moi  de  rire  un  instant. 

VÉRANDAH. 

De  rire,  oui...  de  t'en  aller,  non  !... 

ARTHUR. 

Et  le  moyen  de  m'en  empêcher,  mon  bébé  ? 

VÉRANDAH. 

C'est  bien  simple....  Je  sais  où  tu  as  passé  la  soirée.... 
Le  baron,  va  venir...  je  vais  tout  lui  dire... 

ARTHUR. 

Il  ne  le  croira  pas... 

VÉRANDAH. 

J'ai  des  témoins... 

ARTHUR. 

Fais  voir  ?... 


86  Là.   BOIT  F    A   BIBI 

SCÈNE  IV 
Les  MÊMES,  GROSLAIT. 

GROSLAIT,  entrant  par  le  balcon. 
Tiens,  Arthur!...  Par  quel  hasard  ? 
ARTHUR,  à  part. 

Le  baron  !... 

GROSLAIT. 

Vous  n'êtes  donc  pas  à  votre  contrat  ? 

ARTHUR,  embarrassé. 
Si...  C'est-à-dire  non...  voila  ce  que  c'est...  il  me  man- 
que un  témoin...  alors,  j'ai  pensé  à  vous... 

GROSLAIT. 

Désolé,  mon  ami;  mais  j'ai  promis  toute  ma  soirée  à  Vé- 

randah... 

CASSE GOUL,  s'avançant 

Et  quand  on  promet,  faut  tenir... 

GROSLAIT,   le   regardant. 

Hein  2 

ARTHUR,  à  part. 

Le  serrurier! 

VÉRANDAH,  bas  à  Arthur. 
Mon  témoin. 

GROSLAIT,  à  VëranJah. 
Quelle  est  cette  personne  ? 

VÉRANDAH,  regardant  Arthur. 

Cette  personne...  c'est... 

ARTHUR,  bas  à  Vérandali. 
Tais- toi...  je  reste... 

VÉRANDAH,  à  part. 

Allons  donc!..  (Haut  à  Griisiait.)  Mon  frère...  baron. 

CASSEGOCL,  à  part. 

Elle  est  forte,  celle  là... 


LA   BOTTE    A   BIBI  87 

VÉRANDAH. 

Mon  frère,  que  je  vous  présente... 

GROSLAIT,  de  rnâme. 

Votre  frère  !...  (u  saine  CattsKoni  toQt  en  l'examinant.)  Mon- 
sieur... 

CASSBGOUL,  salaant. 

Votre  serviteur!...  de  tout  mon  cœur... ça  va  bien?.... 
La  santé  est  bonne?... 

VÉHANDAH,  bas  à  Cusegool. 
Embrassez-moi... 

CASSBGOUL. 

Volontiers...  encore  une  lubie!  (m'embraue.)  Ma  sœur! 
ma  bonne  sœur  1... 

VÉRANDA H. 

C'est  un  marin... 

ARTHUR. 

Capitaine  au  long  cours. 

VÉRANDAH. 

Il  arrive  du  Japon,  où  il  est  resté  quatorze  ans  en  ob- 
servaiion... 

ABTHOB. 

Quatorze  ans... 

VÉRANDAH,  k  Cassegool. 

N'est-ce  pas?... 

CASSEGOUL. 

Quatorze  ans,  ni  plus,  ni  moins,  (a  pan.)  Quelle  farce! 
je  ne  sais  pas  seulement  dans  quel  pays  que  c'est.  (Bm- 
braasant  Vërandah.)  Ma  sœur...  ma  bonne  sœur! 

GROSLAIT. 

Il  parait  vous  aimer  beaucoup... 

VÉRAUDAH. 

n  y  a  si  longtemps  que  nous  ne  nous  étions  vu»!  (ACaa- 
tegoni.)  Aussi,  je  veux  que  tu  restes  près  de  moi  toute  la 
soirée. 


88  LA    BOITE  A    BIBI 

GASSEGOUL. 

Tu  plaisantes...  Toute  la  soirée...  et  après  aussi.  (Voulant 
l'embrasser.)  Ma  sœur!... 

YERANDAH,  le  repoussant.  —  Bas. 
Non  assez....  (Haut.)  Donne-moi  le  bras  et  rentrons  dans 
les  salons,  (ini  prenant  le  bras.)  Allons... 
GASSEGOUL. 

Marchons...  (a  part,  en  sortant.)  Me  v'ià  de  la  famille. 

VÉRANDAH. 

Vous  venez,  Arthur?... 

ARTHUR. 

Je  vous  suis... 

CASSEGOUL. 

Ma  sœur...  ma  bonne  sœur!...  (il  sort  par  le  fond  avec 
Vérandah.) 

SCÈNE  V 
GROSLAIT,   ARTHUR. 

ARTHUR,   à  part. 

Elle  me  tient...  Je  suis  emmailloté. 

GROSLAIT. 

Arthur  I... 

ARTHUR. 

Baron?... 

GROSLAIT. 

Vous  me  trompez  ! 

ARTHUR. 

Moi! 

GROSLAIT. 

Pourquoi  vous  faites-vous  le  complice  de  ce  mensonge? 
Vous  savez  bien  que  cet  homme  n'est  pas  son  frère. 

ARTHUR,  inqniet. 

Vous  ne  le  croyez  pas?... 


lA    BOITE   A    BIBI  89 

GROSLAIT. 

Non...  car  ce  n'est  pas  au  Japon,  c'est  chez  moi  qu'i 
ëtait  en  observation  tout  à  l'heure... 

ARTHUR,  effrayé. 

Vous  l'avez  vu?... 

GROSLAIT. 

Parfaitement!...  que  faisait- il  chez  ma  femme? 

ARTHUR. 

Ah!  vous  la  soupçonneriez. 

GROSLAIT. 

C'est  le  premier  devoir  d'un  mari.  Je  vais  rinterroger... 
(l!  remoole.) 

ARTHUR. 

Arrêtez,  baron...  J'avais  promis  de  me  taire;  mais,  du 
moment  que  vous  accusez  votre  femme...  la  vertu  même!... 
je  dirai  tout. 

GROSLAIT. 

Tout  quoi  ? 

ARTHUR. 

L'homme  qu'on  vient  de  vous  présenter  n'est  ni  marin, 
ni  japonais. 

GROSLAIT. 

Ahl...  vous  en  convenez!... 

ARTHUR. 

C'est  un  riche  espagnol.  Don  Inigo  Inès  de  San  Patarès. 

GROSLAIT. 

Un  hidalgo!... 

ARTHUR. 

Amoureux  fou  de  Yérandah  I...  Elle  l'avait  consigné  à 
sa  porte;  mais  lui,  tenace  comme  tous  les  Andalou^  il 
avait  Juré  qu'il  rentrerait  par  la  fenêtre...  et  aujourd'hui 
il  a  gagné  à  prix  d'or  le  domestique. 

GROSLAIT. 

Le  cocher...  je  le  connais... 


90  LA    BOITE   A    BIBI 

ARTHUB,  étonné. 

Ahf 

6R0SLAIT. 

Un  coquin!...  Quand  il  me  tombera  sous  la  main... 

ARTHUR,   continnant. 

Le  cocher...  qui  l'a  introduit  chez  vous  sous  les  habits 
d'un  serrurier. 

GROSLAIT. 

Pourquoi  chez  moi?... 

AnTHUR. 

Il  vous  savait  à  l'Opéra,  et  il  l'avait  caché  là,  en  atten- 
dant l'heure  propice  de  lancer  le  Biscaïen  sur  Vérandah. 

GROSLAIT. 

Le  Biscaïen...  Vous  disiez  tout  à  l'heure  un  Andalou. 

ARTHUR. 

Eh  bien!  sans  doute...  Andalou  par  sa  mère,  el  Biscaïen 
par  son  père. 

GROSLAIT. 

Bon!  bon!...  Alors,  pourquoi  cette  fois  ne  l'a-telle  pas 
jeté  à  la  porte?... 

ARTHUR,  embarrassé. 

Pourquoi?...  pourquoi?  (a  l'oreille.)  Il  lui  a  proposé  de 
l'épouser...  mon  cher. 

GROSLAIT. 

Pas  possible!... 

ARTHUR. 

Positivement!...  A  votre  place,  je  renoncerais  à  elle... 
et  je  retournerais  tranquillement  me  coucher  chez  moi.. 

GROSLAIT. 

Puir  sans  combattre!...  tu  ne  méconnais  pas...  Il  ne  sera 
pas  dit  qu'ils  se  seront  moqués  de  moi  tous  les  deux.  Vé- 
randah m'a  promis  une  tasse  de  thé  après  le  bal...  si  c'est 
le  castillan  qui  la  boit!... 


LA   BOITE   A    ilIBI  94 

ARTHUR. 

Que  fèrez-vous?... 

G  ROSUIT. 
Tu  verras...  (ll  remonte.) 

ARTHUR. 

Où  allez- vous? 

GROSLAIT. 
Chercher  des  armes!...  (n  sort  Tifement  par  le  btleon.) 

SCÈNE  VI 
ARTHUR,   pnu  ROQUILLON. 

ARTHUR,   (enl. 

Il  faut  absolument  que  je  fasse  disparaître  le  serrurier... 
S'il  cause  avec  le  baron,  tout  est  perdu. 

ROQUiLLON,   entrant  par   le  fond,   à  gaoche. 
Mais  qu'est-ce  que  vous  faites  donc?...  On  n'attend  plus 
que  vous...  Je  viens  vous  chercher. 

ARTHUR,  remontant. 
Je  n'ai  pas  le  temps...  plus  tard!...  Attendez-moi... 
(m  sort  Tirement  par  le  fond,  à  droite.) 

ROQUILLON,   senl. 

Le  voilà  encore  parti...  c'est  une  anguille...  (s'arançant 
i.  la  rampe.)  J'arrive  de  chez  moi...  Ah!  c'est  ma  femme 
qui  m'a  reçu!..  J'ai  cru  qu'elle  allait  me  battre...  Ça  lui 
arrivera  un  jour  ;  elle  est  si  violente!...  Elle  avait  déjà  la 
main  levée;  mais  j'ai  avancé  mes  petits  fours...  ça  lui  a 
fermé  la  bouche...  mais  c'est  le  notaire  qui  n'est  pas  con- 
tent... Il  est  nerveux!  11  n'y  a  que  ma  fille  qui  supporte 
ça  très-bien...  Son  cousin  Hector  est  si  gentil  pour  elle!... 
Sitôt  qu'il  aperçoit  un  nuage  sur  son  front,  il  l'embrasse, 
et  le  nuage  disparaît!  (Remontant.)  Sapristi!  mais  Arthur 
ne  revient  pas. 


92  l'A   BOITE   A    BIBI 

JOSEPH,  entrant  arec  un  plateau  chargé  de  glacei. 
Monsieur  désire-t-il  une  glace  ? 

ROQUILLON, 

Une  glace!...  oui...    (a  part.)  J'ai  mon  idée...   (Hatt.) 
Laissez  le  plateau... 

JOSEPH,  étonné. 
Oui,  monsieur.    (Posaot  le  plateau  sur  la  table,  k  part.)    Il 
paraît  qu'il  les  aime!   Eh  bien,  et  les  autres  ?...   (PreDant 
un  baba  sur  le  buffet.)  Us  vont  se  rafraîchir  avec  ça...  (il  sort 
•n  emportant  le  baba.) 

ROQUILLON. 

Je  vais  leur  porter  des  glaces  ;  ça  les  fera  patienter. 

(Prenant  une  glace.)    Une  pOUr  ma  femme...    (11  la  met  dans  1« 
fond  de  sod  chapeau») 

SCÈNE  Vil 

ROQUILLON,  HENRIETTE,  entrant  par  !e  balcon,  l'air  trô*- 
agiié;  même  toilette  qu'au  premier  acte. 

HENRIETTE,   apercevant  Roqaillon  et  allant  à  lai. 
Ah!  monsieur  Roquillon,  vous  voilà  ! 
ROQUILLON,   d'un  air  distrait,  tout  en  arrangeant  ses  glaces. 

Vous  ici,  madame!...  Une  pour  ma  fille...  (Même  jeu  qn« 
plus  haut.) 

HENRIETTE. 

J'ai  reçu  votre  billet...  Vous  aviez   raison  ;  mon  mari 
sait  tout... 

ROQUILLON,  raêuie  jeu. 

Ah!  ah  !...  Et  une  pour  le  notaire...  les  autres  regar- 
deront. 

HENRIETTE. 

Mais  vous  ne  m'écoutez  pas. 


LA    BOITE   A    BIBI  93 

ROQUILLON,  tenant  fon  ebapeaa  contre  la  poitriM. 
Si^ madame...  alors  il  a  lu?... 

HENRIETTE. 

Probablement!...  car  je  l'épiais  dans  l'ombre,  el  je  l'ai 
vu  ouvrir  un  petit  meuble  placé  près  de  son  lit... 

ROQUILLON 
Eh  1    eh  I     (il  regarde  dans  le  fond  de  ton  chapeau.) 
HENRIETTE. 

Et  y  prendre  des  pistolets...  entendez-vous  ?...  des  pis- 
tolets... (Elle  le  secone.) 

ROQUILLON. 

Oui,  madame,  j'entends  bien.  Mais  ne  me  secouez  pas... 
(n  change  son  chapeau  de  côté.) 

HENRIETTE. 

Alors,  j'ai  perdu  la  tête,  et  je  suis  venue...  Arthur  est 
ici...  allez  me  le  chercher. 

ROQUILLON. 

Pour  quoi  faire  ?. . . 

HENRIETTE. 

Pour  qu'il  m'enlève... 

ROQUILLON,  effrayé. 

Un  rapt  ! . . . 

HENRIETTE. 

C'est  ma  seule  ressource...  vous  partirez  avec  nous. 

ROQUILLON,  stopéfait. 

Moi! 

HENRIETTE. 

Ce  sera  plus  convenable...   Prenez  de  l'argent,   beau- 
coup d'argent...   Je  no  veux  rien  emporter  à  mon  mari... 

ROQUILLON. 

Mais  c'est  ma  femme  qui  tient  la  bourse. 

HENRIETTE. 

Que  m'importe?...  nous  irons  en  Suisse...  au  pôle  nord... 
ou  vous  voudrti. 


94  LA    BOITK    A    BIBI 

ROQiriLLON. 

Permettez...  c'est  que... 

HENRIETTE. 

Quoi  encore  ? 

ROQUILLON,  regardant  dans  son  chapeaa. 
Ça  coule  dans  la  coiffe... 

HENRIETTK,  avec  force. 
Eh  1  monsieur,  échauffez -vous  donc  un  peu  1 

ROQUILLON,  criant. 
Je  ne  peux  pas...   si  je  m'échauffe,  mon  chapeau   e-st 
perdu. 

HENRIETTE,  même  jen. 

Il  s'agit  bien  de  votre  chapeau...  quand  c'est  mon  hon- 
neur qui  est  en  jeu... 

ROQDILLON. 

Chacun  tient  à  ses  petites  affaires.   Sapristi  !  j'ai  l'on- 
glée,  (il  souffle  dans  ses  doigts.) 

HENRIETTE. 

Comment  !   vous  n'êtes  pas  parti?... 

ROQUILLON. 

Si,  madame...  je  cours... 

HENRIETTE,  montrant  la  droite ^  premier  plan. 
Je  vous  attends  là...  dans  ce  cabinet. 

ROQUILLON. 
Bien,  madame.  (Regardant  dans  son  chapeau.)  C'est  un  dégel 
complet...  Allons  au  plus  pressé...  je  reviendrai,  (ii  fait  une 
fdusse  sortie  à  droite,  puis  revient  sur  la  pointe  des  pieds  et  disparu! 
par  le  fond  à  gauche.) 

SCÈNE    VIII 
HENRIETTK,  puis  JOSEPH  et  FLORINE. 

HENRIETTK»  serth. 

Cet  homme  est  la  lenteur  même...  pourvu  qu'il  ne  tarde 


LA    BOITE    A    BIBl  9S 

pas!  (Elle  dMOMid  à  droite;    Joseph  paraît  ao  fond  et  m  di«poi«  à 
éteindre.) 

FLORIN B,   paraissant  à  lalenétre,  à  Joseph, 
sans  voir  (ienrieite. 

Vous  voyez  que  je  vous  ai  tenu  parole. 

HENRIETTE,  l'apercaTaDt,  à  part. 
Fiorine  ! 

JOSEPH. 

C'est  bien  gentil  d'être  venue. 

HENRIETTE,  i.  pari. 
Qu'elle  ne  me  voie  pas!  (Elle  enUe  rirement  k  droit»,  pm&ier 
plan.) 

JOSEPH,  condaisant  Florioe  à  gaacbe,  premier  plan. 
En  attendant...  entrez  là...   J'ai  mis  de  bonnes  petites 
choses  de  côté...    Tout  à  l'heure,   nous  souperons  en- 
semble... 

FLORINB,  regardant  dans  la  chambre. 
Mais  il  n'y  a  pas  de  lunnière. 

JOSEPH. 

Ça  ne  sera  pas  long...  le  bal  va  finir...  Je  vais  venir 
vous  chercher. 

PLORINB. 

Bon!...  dépêchez- vous... 

JOREPH. 

A  tout  à  l'heurp.  (Fl.rine  enire  h  gancbe.  Joseph  remonte  et 
disparait  après  l'entrée  de  CdSMgool.) 

SCÈNE  IX 
CASSE GOUL,  GROSLAIT,  pnU  ARTHDR. 

CASSEGOUL,  entrant. 

J'ai  deviné  pourquoi  Vérandah  a  dit  an  vieux  que  j'étais 
son  frère...  lui,  c'est  le  banqaier;  moi,  je  suis  Tamarit  de 
cœur...  j'aime  mieux  ça,  c'est  plus  distingua. 


96  LA    BOIT£   A    BIBl 

GBOSLAIT,    rentrant  par  le   balcon.    —   II     porte  une    botte  de 
pistolets  à  la  main,  à  part. 
Il  est  là  ! ...  Que  vient-il  faire  dans  ce  boudoir .'  (ii  pose 
sa  boite.) 

CASSE  GO  UL,  à  part. 
Mon  rival  !  Si  je  pouvais  le  renvoyer... 

ARTHUR,  entrant  par  le  fond  à  droite,  à  part. 
Vérandah  qui   veut  que  je    l'attende   ici...    (Apercevant 
cassegoui  et  Grosiait.)  Oh!  ils  sont    ensemble!...  Comment 
les  empêcher  de  causer?  (Hant  s'avançant.)  Charmante  soi- 
rée!... beaucoup  de  gaité...  beaucoup  d'entrain.. 

GROSLAIT. 

Beaucoup. 

CASSEGOUL. 

Normémentl... 

GROSLAIT,  à  Arthnr. 
Ouest  Vérandah?... 

CASSEGOUL. 

Oui...  oùsqu'elle  est?... 

ARTHUR. 

Elle  reconduit  ses  derniers  invités. 

CASSEGOUL. 

C'est  vrai;  le  bal  est  fini...  I!  ne  reste  plus  un  chat. 

GROSLAIT,  à  l'ait. 

Compris!...  il  voudrait  me  faiiC  partir. 

AtlTHIIl.. 

Charmante  soirée!... 

GROSLAIT. 

Beaucoup  de  gaîté! 

CASSEGOUL. 

Beaucoup  d'entrain  ! 

TOUS. 

Beaucoup!  beaucoup! 


LA   BOITE   A    BIBI  VI 

OASSBGOUL. 

Normémenl! ...  (Jo-rph  mire  avac  un  thé  servi,  qu'il  pose  snr 
U  ubie  au  milieu  do  théâtre.)  Qu'e^lce  que  VOUS  apportez 
donc  là.'... 

JOSBPH. 

Ça  ?  c'est  le  thé  de  Madame... 

CASSB60UL. 

11  y  a  deux  tasses? 

JOSEPH. 

Nécessairement...  madame  n'est  pas  ëgofste... 

ABTHUR,  à   part. 

C'est  la  mienne  ! 

CASSEGOOL,  à  part. 

C'est  pour  moi  I... 

GROSLAIT,  à  part. 

Elle  me  l'a  promisi',  et  je  l'aurai!...  D'abord,  montrons 
bien  à  ce  monsieur  que  j'ai  l'intention  de  rester,  (ii 
■'aseied  ) 

CASSEGOOL,  à  part. 

Il  s'assistH...  Est-ce  qu'il  voudrait  me  couper  l'herbe 
sous  le  pied?...  attends,  v'ià  ma  réponse...  (ii  s'asiied.) 
ARTHUR^  à  part. 
Ils  s'installent  tous  les  deux... 

GROSLAIT. 

Quel  beau  ciel  que  le  ciel  du  Japon  !  n'est-ce  pas...  (Ap- 
poyant.)  capitaine! 

Ai\TiiUR,  \)i\  et  pouiiaot  le  coude  à  Cattegoal. 
Capitaine...  c'est  vou?. 

CAïSKUOUL. 

^  Ah  oui!...  Le  ciel  du  Japon...  ah  I  oui... 

ARTHUR. 

Superbe...  superbe!... 

GR05LAIT,  avec  ialdotioD. 

Mais  ça  ne  vaut  pas  le  ciel  de  l'Espagne. 


96  lA   BOITE   A    UIBI 

CASSEGOOL. 

Oh! oh! 

ARTHUR. 

Ça  dépend... 

CASSEGOUL. 

Ça  dépend...  Faudrait  les  voir  tous  les  deux  le  mên 
jour, 

GROSLAIT. 

Et  c'est  difficile  ! 

CASSEGOUL. 

Ah  I...  en  se  levant  de  bonne  heure. 

GROSLAIT,   bas  à  Arthur. 

Il  se  tient  sur  ses  gardes  il  est  très-fort...  J'ai  ui 
envie  de  le  giffler. 

ARTHUR,    bas. 

Contenez- vous! 

GROSLAIT,    bas. 

Soyez  tranquille  :  je  veux  qu'il  commence,  pour  ave 
le  choix  des  armes...  (Chaotant  entre  ses  dents  tout  en  retirs 
•es  gants.) 

Vive  l'Espagne  qui  nous  donne 
Les  meilleurs  vins... 

CASSEGOUL,  à  part. 

Il  ôte  ses  gants...  v'ià  ma  réponse,  (il  chantonne  tout 
dénouant  sa  cravate  et  en  déboutonnant  son  gilet.) 

Vive  les  garçons  boulangers. 

GROSLAIT,  à  part. 
Manant  I...  (il  se  verse  une  tasse  de  thé.) 

CASSEGOUL,   tirant  lo   plateau^ 
Oh  !  non...  pas  ça...  c'est  défendu... 


lA  BOITB  A   BIBI  99 

OROSLAIT,  mémajea. 
Défendu  I  Je  m'en  moque  comme  d'une  guigne. 

CASSB^^-OUL,  M  leraDt   farieni. 
Monsieur  le  baron  !... 

GROS  LAIT,  tendant  la  jone. 
Tapez  donc! 

CASSEGOUL,  à  part. 
Pas  si  bélet  il  me  le  rendrait. 

CROSLAIT. 

C'est  bien...  attendons! 

CASSEGOUL. 
Attendons!...  (lu  m  raaseyeot  tooi  denx.) 
ARTHUR,   à    part. 

Ils  vont  se  dévorer.  (Hant.)  Charmante  soirée. .  beau- 
coup de  gaité,  beaucoup  d'entrain. 

GROSLAIT  et   CASSEGOUL. 

Beaucoup!  beaucoup!  normémenl! 
GROSLAIT,  à  part. 

Je   finirai  bien  par  le  pousser  à  bout.  (Joseph  rentre, 
portant  nn  coin  de  fea  et  un  foulard,  et  se  dirige  vers  la  droite.  ) 
ARTHUR,  à  part. 

Ma  robe  de  chambre  et  mon  foulard...  Est-il  bête  de 
porter  ça  maintenant!... 

GROSLAIT,  à  part. 

Voilà  mon  affaire  !  (A  Joseph.)  Eh  !  mon  ami! 

JOSEPH,  s'arrêtant. 
Monsieur  ? 

GROSLAIT. 


Laissez  ça  là... 
Mais... 


JOSEPH. 


GROSLAIT. 

Je  vous  dis  de  laisser  ça  là... 


100  lA    BOITE   A   BIBl 

JOSEPH, 

Bien,  monsieur...  (il  pu  e  ksobjeu.)  Ils  ne  s'en  iront  donc 
pas  !...  Et  Florioel...  (Groslait  ôte  son  habit  et  mot  le  coia  de 
fen.) 

ARTHUR,  à  part. 
Ah!  bon!...  il  se  déshabille... 

CASSEGOUL,  à  Groslait. 
Vous  mettez  le  pet  en  l'air...  le  casaquinî... 

GROSLAIT. 

Comme  vous  voyez. 

CASSEGOUL. 
Ah  !  c'est  comme  ça  ?...  (il  met  le  foulard  sor  sa  tête.) 
GROSLAIT. 

Qu'est-ce  que  vous  faites  ? 

CASSEGOUL. 

Hében!  je  mets  le  foulard;  vous  pouvez  pas  tout 
avoir... 

GROSLAIT,  à  part. 
Savoyard  I 

CASSEGOUL. 

Pourquoi  donc  qu'on  se  gênerait  ? 

ARTHUR,    à  part. 
Us  sont  enragés!  (Cassegoal  tire  le  plateau  et  met  do  sucre  dans 
la  tasse.) 

GROSLAIT,  se  levant  et  prenant  le  plateau  devant  lui. 
Oh  !  non...  pas  ça...  c'est  défendu. 
CASSEGOUL,  furieux. 

Monsieur  le  baron  ? 

GROSLAIT,  tendant  la  joue* 
Mais  tapez  donc  ! 

CASSEGOUL,  Je  voyant  embarrassé. 
Il  est  embarrassé!...  maintenant, volontiers,  (il lui  donne 
ne  soufflet. 


LA    BOITF.    A    BIBI  IM 

GROSLAIT. 

Ça  y  est  t 

ARTBVB. 

Bien  tapé  ! 

GROSLAIT,  lai  tendant  le  platMQ' 

Tenez  moi  ça... 

CASSF.GOUl.,  le  poenant  mAcbiDalemant. 
Pour  quoi  faire  ? 

GROSLAIT. 

Pour  VOUS  le  rendre...  (ii  lai  doona  ra  toofllet.) 

^  CASSEGOOL. 

Aïe  !... 

ARTHUR. 

Bien  rendu!... 
HENRIETTE,     FLORINE    oarrant    cbacDDe     la    porte     de    'car 
rabinet    et  la    refermant,  TiremeDl   après    aroir    poasso    oa    cri 
étooffé. 
Âhl 

OASSEGODL,  prfs  de  >a  porte  de  gaaehe,  à  part. 

C'est  elle...  elle  esl  là  ' 

GROSLAIT,  pris  de  la  porta  de  droite. 
C'est  Vérandah  ! 

ARTHUR. 

Messieurs,  l'honneur  est  satisfait. 

ROQUILLON,   aa    fond. 
Je  vous  dis  qu'il  faut  que  je  lui  parle. 
ARTHUR,  remoDtaot  on  pea. 
Qu'est-ce  donc  ?... 

CASSEGOUL,  k  part. 
Glissons-nous  1... 

GROSLAIT. 

Entrons  vite  I...  (Groslait  entre  rani<lem'>nt  i  droite,  Ca^tegoal  k 

fancbe.) 

ARTHUR. 

Eh  bien  1...  OÙ  vontils  ?... 


4  oc  LA  BOITE  Â  BIBI 

SCÈNE  X  . 

ROQUILLON,  ARTHUR. 

ROQUILLON,  lechapean  bossaé,  les  habits  déchirés* 
Ah  !  Arthur...  vous  voilà  ! 

ARTHUR. 

Ah  !  mon  Dieu!,.,  qu'est-ce  que  vous  avez? 

ROQUILLON. 

Ça  y  est!...  quand  ma  femme  m'a  encore  vu  revenir 
sans  vous,  elle  s'est  mise  dans  un  état  !...  Elle  m'a  jeté 
sa  boi!,e  de  poudre  de  riz  à  la  tête...  elle  a  sauté  jusqu'au 
plafond...  quand  elle  est  redescendue,  elle  est  tombée 
sur  moi....  Ça  devait  arriver....  ça  couvait  depuis  long- 
temps. 

ARTHUR. 

Vous  vous  laissez  battre  par  votre  femme  ? 

ROQUILLON. 

Parbleu!  le  notaire  s'en  est  mêlé...  il  m'a  jeté  son  encrier 
à  la  tête. 

ARTHUR. 

Ah  !  t.  un  notaire. 

UOQUILLON 

Il  est  de  la  banlieue...  un  rural...  mais  qu'est-ce  qu'il 
aurait  donc  fait,  s'il  était  notaire  à  Paris  ?...  Il  n'y  a  que  le 
cousin  Hector  qui  s'est  bien  conduit  ;  il  n'a  pas  voulu  as- 
sister à  ça,  et  il  s'est  en  allé  avec  ma  fille,  dans  la  pièce 
à   côté. 

ARTHUR,    inquiet. 

Hé!  hé!...  dites  donc!... 

ROQUILLON,    sans    l'écouter. 

Aussi  tout  ça  m'a  décidé.  Je  pars  avec  vous.  Dans  quel 
pays  allons-nous? 


LA    i;OiT£.    A    BIBI  103 

AITHOK. 

Que  voulez-vous  dire? 

ROQniLLON. 

Vous  n'avez  donc  pas  vu  madame  de  Groslait  ?... 

ARTHUR. 

Henriette  ?...  mais  non... 

ROQL'ILLON. 

Son  mari  a  vos  lettres  dans  sa  poche. . .  Elle  vous  at- 
tend là  I...  (il  moQlre  U  droite.) 

ARTHUR. 

Dans  ce  cabinet!...  mais  le  baron  viont  d'y  entrer. 

ROQUILLON. 
Saprelottel...  (Brait  de  soafDet,  àganchp.) 
ARTHUR. 

Encore  un  soufiQet  ! 

ROQUII.LON. 

Lo  baron  se  serait  oublié  à  ce  point  là...    un   gen- 
tilhomme ! 

SCÈNE  XI 

Lb8    Mêmes,  CASSEGOOL,   paii   GROSLAIT,   pois    VE- 
RANDAH,  FLORINE,  HENRIETTE. 

CA8SEC0UL,  sorUot  d«  (aaeba  et  se  teoaot  U  joae. 
Ça  me  fait  la  paire...  c'est  vrai!...  en  v'Ià    une  drôle 
de  partie  une!... 

GROSLAIT,   «enaol  Ju  cabiael  ue  drùia,  à  Ariliif. 
Elic  est  charmante...  Je  lui  ai  rendu  les  lettres,  et  nous 
allons  les   brûler  ensemble,  (u  ra  preodre  aa  flambeaa  sar  lo 
boffet.) 

ARTHUR. 

Ah!...  (a  part.)  Sauvés  alors  !... 


i04  LA   BOITE   A    niBI 

CASSEUOUL. 

Elle  a  tapé  fort...  came  cuit...  » 

GIIOSLAIT   redescendant,   à  Arthnr. 
Ah  !  c'est  un  ange  que  cette  Vérandah  ! 

VÉRANDAH,  paraissant  an  fond  avec  Josepîia 
Que  de  monde  chez  moi...  à  cette  heure!... 
CASSE  GOUIi,  étonné. 

Comment!...  Elle!... 

GROSLAIT,   stupéfait. 

La  voilà!... 

GASSEGOUL. 

Que  qui  m'a  taloché  alors?  faut  voir!...   (ii  va  à  la 

porte  de  gauche;  Florine  paraît.)  Florme  ! 
FLORINE. 

Ce  n'est  pas  moi  que  vous  attencSez! 

GROSLAIT. 

Mais  qui   donc  était  dans   celle   chambre?  (il    va   à 
droite.) 

HENRIETTE,  paraissant. 

Moi,  monsieur  ! 

GROSLAIT. 

Ma  femme  ! 

HENRIETTE,  avec  dignité. 

Moi,    qui  ai  voulu  savoir  comment  vous  vous  condui- 
siez hors  de  chez  vous... 

GROSLAIT. 

Pardon!  c'était  pour  rire... 

ROQUiLLON,  Eiant. 
Le  fait  est  que  c'est  drôle. 

GROSLAIT,  se  retournant  et  le  reconnainant. 
Le  cocher  1...  Tiens,  animal...  c'est  loi  qui  paieras  pour 
iOUt  le  inonde.  (I!  loi  donne  un  conp  de  pied.l 


là   BOITE   A  BIB!  103 

ARTHUR,  |>reuitDl   la  maia  de  Roqnillon. 

Baron  I.. .  je  vous  prësenle  mon  beau-père. 

GROSLAIT. 

Ton  beau- père  ! 

ROQTriLtOSi. 

Non,  c'est  changé...  le  contrat  est  signé. 

ARTHUR. 

Sans  moi  ? 

ROQUILLON. 

Oui.  Le  cousin  Hector  a  été  si  gentil  pour  ma  fille  ...  il 
oe  restait  plus  que  cela  à  faire. 

VÉRANDA  H,  à  Arthnr. 
Je  savais  bien  que  je  te  garderais. 

CASS£GOUL. 

Alors,  je  suis  sacriflé..     Si  j'avais  su,  c'est  moi  qui 
l'aurais  laissé  moisir  dans  la  Boite  à  Bibi; 

Air  :  de  la  eharuon  du  !•'  acte. 

VÉRANDAH. 

Mon  Anhar  reste  à  sa  maltresse. 

GROSLAIT. 

Moi,  j'reste  à  ma  p'tit'  femme... 

ARTHUR. 

Enfin  t... 

R0QO(LL0N. 

Moi  j'entre  en  plein  dans  ma  jennesse, 
PmsqHe  ma  fille  a  son  coasin. 

CASSEGOUL. 

J'reprends  Florin',  qai  n'est  pas  laide... 

VËAANDAH. 

Mais  avec  tout  ra,  nous  v'Ià  tons. 
Comme  Gur  une  cordo  rsiUe, 
ËD  équilibre  devant  vous. 


IOj  la  boite  a  bibi 

TOUS,  parip. 

Et  si  ça  casse  î... 


VERANDAH,  an  pablic. 

Et  si  ça  casse,  casse,  casse? 

Ah  !  messieurs,  faites-nous  grâce  t 

Faut  pas  qu'  ça  casse,  casse,  casse. 
Avec  un  bravo  ça  tiendra. 

Voilà  I 

Voilà  I 

REPRISE  EN  CCEUR. 


FIN 


jnprimeiie  de  Poissj  —  S,  Lcjay  «i  Ci». 


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PQ  Duru,   Alfred^ 

2235  La  boite  à  bibi 

D685B65 
188^;